Une rose seule
"On frappa discrètement et la porte glissa en chuintant. La femme de la veille vint poser un plateau devant la fenêtre à petit pas précis. Elle dit quelques mots, recula par glissades douces, s'agenouilla, s'inclina, referma la porte. Au moment où elle disparut, Rose vit palpiter ses paupières baissées et fut frappée par la beauté de son kimono brun ceint d'une obi brodée de pivoines roses. Le souvenir de sa voix cristalline aux fins de phrase brisées tinta dans l'atmosphère avec une tonalité de gong".
Je n'ai pas lu Muriel Barbery depuis "L'élégance du hérisson", que j'avais aimé. J'étais curieuse de découvrir son dernier roman qui m'a été offert par une amie et je suis embarrassée pour dire ce que j'en ai vraiment pensé, parce que je n'en sais trop rien. Mes impressions de lecture sont brouillonnes, entre ennui rapide et malgré tout de beaux passages sur Kyoto et la tradition japonaise.
La narratrice est franchement antipathique, désagréable, pleine de rancune. Elle est venue à Kyoto pour la lecture du testament d'un père qu'elle n'a jamais connu, homme raffiné, cultivé, possédant une galerie d'art. Il était riche et cet héritage peut transformer sa vie, plutôt terne. Botaniste, célibataire, la quarantaine, elle dit elle-même qu'elle n'a pas beaucoup vécu jusque là.
Elle est accueillie sur place par l'assistant belge de son père. Celui-ci lui a préparé un parcours pour découvrir les beautés cachées de la ville et lui permettre de donner un sens à tout ce qu'elle voit. Elle navigue entre le béton de la ville moderne et l'intemporalité des lieux imprégnés de spiritualité. Sa mère lui a laissé peu d'éléments sur ce père qui lui a tant manqué.
C'est une histoire qui avait tout pour me plaire, mais en dehors du peu d'empathie éprouvé pour la narratrice, j'ai trouvé l'écriture trop recherchée, avec des redondances, loin de la littérature japonaise que j'aime.
Ce qui a en partie sauvé ma lecture, c'est le construction en douze chapitres, avec un récit traditionnel en ouverture. La description des fleurs y a une grande place, c'est seulement là que j'ai senti le charme qui aurait pu me captiver. Pour résumer, c'est une déception.
Plumes d'anges a adoré, Géraldine a détesté, Luocine est mitigée ..
Muriel Barbery - Une rose seule - 158 pages
Actes Sud - 2020