S'enfuir
C'est ma troisième BD de Guy Delisle et la meilleure à ce jour à mon goût. Il y a pourtant très peu de dialogues et les scènes sont répétitives, mais il y a une tension et une angoisse justement dans la répétition des jours qui se suivent, toujours les mêmes, monotones et désespérants.
C'est l'histoire de Christophe André, kidnappé en Ingouchie en 1997, petite république à l'ouest de la Tchétchénie. Il participait à sa première mission humanitaire quand il a été enlevé par un groupe d'hommes. Il pense d'abord qu'ils en veulent à l'argent qui est dans le coffre, mais non, c'est bien lui qui est visé, avec à la clé une demande de rançon exorbitante.
Il se retrouve menotté à un radiateur dans une pièce nue, avec peu de contacts avec ses géôliers qui parlent une langue qu'il ne comprend pas. Il soupçonne qu'il est en Tchétchénie. Il est détaché seulement à l'heure des repas. Les journées se traînent, il essaie de ne pas perdre le compte des jours ; l'auteur s'attache surtout à ses tourments intérieurs, puisque par ailleurs il ne se passe rien.
Christophe passe par toutes les phases possibles, tantôt il a l'espoir de s'évader, tantôt il se croit abandonné de tous, oublié, voué à rester là sans fin. Il lutte de toutes ses forces contre ces accès de désespoir. Il est toujours fatigué, mal nourri, aux aguets des bruits de la maison.
Il est parfois extirpé de la pièce où il est, photographié, pour les négociations en cours pense-t'il et ramené à son radiateur pour une autre série de journées sans fin. Les évènements vont s'accélérer à la fin de l'album et les précisions de l'auteur en note permettent de souligner à quel point la situation était dangereuse pour tout le monde.
Une lecture prenante, où je ne me suis pas ennuyée un seul instant.
L'avis de Karine Keisha Noukette
Guy Delisle - S'enfuir - 428 pages
Editions Dargaud - 2016