PETITE REINE
"Je suis doté de jambes EX-CEP-TION-NELLES. Sorti du ventre de ma mère, elles étaient déjà fuselées comme Ariane le jour d'un essai concluant. Comme l'a souligné le médecin accoucheur, des jambes comme çà, Dieu devrait les faire breveter !".
Avec un démarrage pareil, Martin ne pouvait qu'aimer marcher, plus que les autres et inlassablement. Ses parents, pour le détourner de cette obsession lui offre un vélo, qu'il regarde d'abord de travers, pas décidé du tout à lâcher sa principale occupation. Pourtant, très rapidement, il découvre la joie de pédaler avec la même énergie qu'il avait mis à la marche.
"Mon vélo devint mon principal compagnon. Lui seul connaissait mes joies et mes peines. En échange de ces confidences, il me permettait d'aller par monts et par vaux".
Martin ne pense plus qu'à son vélo, au point de s'isoler complètement, jusqu'au jour où Adrienne croise son chemin.
"J'ai rencontré Adrienne un jour où Dieu avait du talent". Cette gamine fut la première à nous accepter, mon vélo et moi. - Tu me plais tu sais ? prononca-t-elle. - Oui, je sais, m'entendis-je répondre, faussement sûr de moi". En fait, j'étais submergé de tant d'émotions et terrorisé par ce qui allait arriver".
Martin trouve enfin l'équilibre entre son cher vélo et l'amour d'Adrienne. Puis surgit le malheur. Martin trouve d'abord refuge dans l'alcool, puis un beau jour, reprend son vieux compagnon le vélo et pédale .. pédale .. Il est vite remarqué par des professionnels et devient un coureur imbattable, mais il ne court pas pour gagner, seulement pour oublier.
"Il prétend que depuis le début de la saison, j'ai laissé échapper deux victoires qui me tendaient les bras. Le pire est qu'il a parfaitement raison. Pour résumer, j'ai un potentiel considérable au service d'une ambition inexistante".
Nous avons alors droit à une description savoureuse du milieu sportif professionnel où Martin est un véritable extra-terrestre qui se fait rejeter faute de respecter les règles en vigueur, plus que douteuses.
Il connaîtra son apothéose de coureur lorsque l'amour de Sylvia lui donnera véritablement des ailes.
"Le soir venu, Sylvia me rejoint sur le perron. Nous demandons audience à la lune. Chaque seconde est une brève éternité. Ma petite reine me prend par la main et m'entraîne au paradis comme au premier jour. Lorsqu'elle me susurre "je t'aime" je lui tourne le dos, de peur qu'elle ne voit mes larmes".
J'ai énormément aimé ce petit roman de 80 pages, pleines de tendresse, d'humour et d'idées poétiques. Je ne m'intéresse pas du tout au milieu du sport et du cyclisme, mais çà n'a aucune importance, ce n'est pas le principal.
Je n'ai pas trouvé trace d'écrits plus longs de cet auteur, si vous en avez connaissance, faites le moi savoir, j'aimerais continuer à le découvrir.
Merci à l'éditeur Jacques André de m'avoir envoyé ce livre.
Eric Chatillon - Petite Reine - Editions Jacques André - 2007 - Collection "en attendant le bus".