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Le goût des livres
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25 novembre 2012

La vérité sur l'affaire Harry Quebert

CVT_La-verite-sur-laffaire-Harry-Quebert_5923"Le don de l'écriture est un don non pas parce que vous écrivez correctement, mais parce que vous pouvez donner du sens à votre vie. Tous les jours, des gens naissent, d'autres meurent. Tous les jours, des cohortes de travailleurs anonymes vont et viennent dans de grands buildings gris. Et puis il y a les écrivains. Les écrivains vivent la vie plus intensément que les autres, je crois. N'écrivez pas au nom de notre amitié, Marcus. Ecrivez parce que c'est le seul moyen pour vous de faire de cette minuscule chose insignifiante qu'on appelle vie une expérience valable et gratifiante".

A moins d'être exilé sur une île déserte, vous avez forcément entendu parler de Joël Dicker, la coqueluche de cette rentrée littéraire, lauréat du Grand Prix de l'Académie Française et Goncourt des Lycéens. Je vais donc faire un court résumé de l'intrigue.

Marcus Golman vient de connaître un gros succès avec la parution de son premier roman. Il s'est engagé par contrat à en fournir un deuxième dans un délai donné. Panique à bord, le délai expire et c'est l'horreur de la page blanche. Panne d'inspiration totale et ruine à l'horizon. Simultanément, il apprend que son maître et ami, Harry Quebert, professeur d'université, est accusé du meurtre d'une jeune fille, Nola Kellergan, perpétré en 1975, dans un village du New Hampshire.

Harry a tout appris à Marcus. Celui-ci ne peut pas croire à sa culpabilité et décide de voler à son secours. Il se rend sur le champ dans le New Hampshire pour en apprendre plus, ce qui lui permet par la même occasion de fuir son éditeur et son agent. Harry a lui-même connu un énorme succès avec son premier roman "l'origine du mal", relation d'une grande histoire d'amour entre un homme de 34 ans et une jeune fille de 15 ans. Il révèle à Marcus qu'il s'est inspiré d'une histoire vraie .. la sienne. Et la jeune fille en question est Nola Kellergan, dont on vient de retrouver le corps enterré dans son jardin. Autrement dit, il est dans de très mauvais draps.

J'ai refermé le livre avec des impressions contrastées. Commençons par les compliments. C'est ce que j'appelle un roman addictif. Les rebondissements sont permanents, les voltes-faces, les changements de coupable, plus ou moins justifiés, les révélations qui jaillissent à foison, c'est un véritable feu d'artifice qui vous fait tourner les pages avec fièvre. Les invraisemblances sont nombreuses, les ficelles grossières, mais emportée par l'élan, j'ai marché.

Le contexte de l'histoire, le monde de l'édition, son cynisme, son but unique qui est le profit sont dépeints avec légèreté et talent. Je ne dirais rien des affres de la création littéraire, mal illustrées par les extraits du chef d'oeuvre de Harry Quebert. La vie d'un petit village avec ses secrets profondément enfouis pourraient ressembler à n'importe quel coin de campagne profonde. Malgré les drames qui s'enchaînent, il y a une drôlerie permanente dans le regard de Marcus sur les évènements. Les personnages secondaires existent autant que les héros, on s'y attache, on tremble lorsqu'on les pressent coupables, on est soulagé quand on apprend que ce n'est pas vrai.

Mais ... mais ... l'écriture est d'une platitude confondante. Que ce livre se soit retrouvé sur la liste de plusieurs prix littéraires reste pour moi un grand mystère. Le Goncourt des lycéens, je comprends ce qui a pu les captiver, c'est de leur âge. Mais le Grand prix de l'Académie Française !

Ce qui m'a le plus consternée, ce sont les extraits du "chef d'oeuvre" de Harry, décrit comme le meilleur livre des dernières décennies. Les passages qui émaillent le récit sont franchement niais. Pas un instant je n'ai pu croire à une grande histoire d'amour entre Nola et Harry. A part répéter en boucle qu'ils s'aimeront toute la vie et que Harry est un trèèèèèèèès grand écrivain, c'est le degré zéro de la passion. Je ne veux pas en dire davantage parce que j'en révèlerai un peu trop sur la personnalité de Nola.

"Des gens croient qu'ils s'aiment, alors ils se marient. Et puis, un jour, ils découvrent l'amour, sans même le vouloir, sans s'en rendre compte. Et ils se le prennent en pleine gueule. A ce moment-là, c'est comme de l'hydrogène qui entrerait au contact de l'air : ça fait une explosion phénoménale, ça ravage tout. Trente années de mariage frustré qui pètent d'un seul coup, comme si une gigantesque fosse septique portée à ébullition explosait, éclaboussant tout le monde aux alentours. La crise de la quarantaine, le démon de midi, ce sont juste des types qui comprennent la portée de l'amour trop tard, et qui en voient leur vie bouleversée".

Au final c'est une lecture agréable, que je ne regrette pas d'avoir fait. L'auteur sait maintenir son lecteur en haleine. C'est juste qu'elle est surévaluée (et bien vendue) par les medias et que je m'attendais à mieux. Il entre clairement dans la catégorie "pour un moment de détente, vite lu, vite oublié".

L'avis de Valou, qui en fait un coup de coeur

L'avis détaillé de Valérie, qui a suivi de près les délibérations du Goncourt des Lycéens, puisque sa classe y participait.

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Joël Dicker - La vérité sur l'affaire Harry Quebert - 664 pages
Editions De Fallois - 2012

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Commentaires
S
comme tu as pu le lire sur mon blog, je partage ton opinion sur ce roman - j'aurais mieux fait de lire ton billet avant de l'acheter, mais comme il était paru en poche, ma curiosité l'a emporté
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S
Ben moi, j'ai trouvé ce livre assez consternant, sans doute à cause des avis dithyrambiques qui ont voulu faire croire au chef-d'oeuvre...Ecriture niveau zéro, c'est vrai, Harry est saoûlant, mais saoûlant !!! C'est grotesque, même !<br /> <br /> Voir pour plus de détail sur mon blog, je publie rarement sur ce que je n'aime pas
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Z
Je viens de terminer ce livre. Je suis assez d'accord avec les commentaires sur le style de l'écrivain .Toutefois je dois reconnaître que cette lecture m'a passionnée. Beaucoup d'imagination. J'ai passé un bon moment.
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A
Je crains fort que la publicité autour de ce roman ordinaire n'induise trop de futurs lecteurs en erreur, ce qui vous est arrivé. Il aurait fait un excellent pavé de l'été, sans plus. Merci de votre passage.
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F
Je quitte ce roman en ayant le sentiment d'avoir été bernée de bout en bout...mais j'aurais dû me méfier : l'illustration de couverture le dit déjà : on croit voir une petite ville américaine blottie entre route et forêt sous la croix de son temple. Eh non, c'est faux : un simple poteau éléctrique!<br /> <br /> Une construction sophistiquée, des lettres volées, mensonges, illusions, maladies mentales, il y va fort le petit suisse, et je n'ai pas l'impression d'avoir lu un chef d'oeuvre!
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