La nuit des lucioles
"Daphné a fait promettre à Jasper - jurer, garantir, sous peine de lui ôter toutes les satisfactions qu'elle pourrait lui donner - qu'il ne répèterait jamais à Kit ce qu'elle lui avait dit ce soir-là. Il ne mentait pas en disant à Kit que son secret lui avait paru logique à ce moment-là. Il était stupéfait, cependant, qu'elle ait continué de le cacher à Kit tout au long de sa vie d'adulte, alors qu'il était devenu père à son tour. Dieu que cette femme pouvait être cruelle. Ça il le savait. Mais il lui avait fait une promesse, et à cause d'un amour-propre stupide (ne pas être en reste avec elle), il se sent toujours obligé de la tenir - du moins aussi longtemps qu'elle risque de l'apprendre".
Kit, la quarantaine, est à un moment de sa vie où rien ne va plus. Il n'a pas été titularisé comme espéré, il se traîne chez lui d'une pièce à l'autre sans rien faire. Pendant ce temps, sa femme Sandra, s'active pour deux et le regarde avec une certaine commisération. Elle finit par lui intimer l'ordre de chercher une fois pour toute l'identité de son père biologique, qu'il n'a jamais connu. Daphné, sa mère, qui l'a élevé seule, a toujours refusé de lui en parler. Elle lui a seulement dit qu'il était mort.
Il se met donc en mouvement et décide d'aller voir l'homme qui l'a élevé, l'ex-mari de sa mère, Jasper, dans l'Oregon. A tort ou à raison, il pense que Daphné lui a peut-être fait des confidences. Les liens se sont distendus entre Kit et Jasper, sans raison particulière. Celui-ci est assez surpris de voir Kit ressurgir du jour au lendemain, mais il l'accueille avec générosité.
C'est un plaisir de retrouver l'univers de Julia Glass, rien de spectaculaire dans ses romans, mais la vie des uns et des autres, avec ses péripéties, les nombreuses ramifications entre les familles, les secrets bien sûr et les difficultés qui en découlent. Le rythme est tranquille, ce que j'ai apprécié. Sans être vraiment une suite à "Jours de juin", on y retrouve une bonne partie des mêmes personnages, dont Fenno le libraire, Mal, Walter, Lucinda. Plusieurs décennies se sont écoulées, le temps a fait son oeuvre. Plus j'avançais, plus j'avais envie de relire "Jours de juin" pour ne rien perdre des liens entre les deux romans.
C'est bien écrit, on prend le temps de connaître à fond chaque personnage, dans ses grandeurs et ses petitesses, bref, un bon roman de confinement (ou de déconfinement ..).
Merci Brize
Julia Glass - Jours de juin - 572 pages
Traduit par Anne Damour
Editions des Deux Terres - 2015