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Le goût des livres
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25 février 2021

Ces montagnes à jamais

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"Bon, il ne voulait pas faire la morale. Wendell savait aussi bien que lui à quel point ils leur tombaient dessus. Glen prit une inspiration et passa la main sur son crâne chauve. Mais le dénommé Betts, il a des opinions, dit-il. Comme le père de Wendell. Betts se disait que la chasse au loup imminente serait l'occasion de leur montrer. Avec cet Obama à la Maison-Blanche, ils n'avaient plus de temps à perdre. Glen avait envisagé de mettre Wendell dans le coup aussi, étant donné que Verl était son père, mais le timing était mauvais. Ils avaient commencé à discuter pas très longtemps après le décès de la mère de Wendell, et maintenant il devait s'occuper d'un enfant, et Glen préférait qu'il reste en dehors de tout ça, qu'il laisse les autres s'occuper des Fédéraux".

J'ai la main heureuse avec les auteurs américains en ce moment, encore un coup de coeur et un coup de poing aussi avec ce superbe roman qui se déroule dans les montagnes du Montana. Deux voix se croisent, d'abord celle de Wendell Newmann, 24 ans, employé par Glen sur des terres qui appartenaient autrefois à sa famille. Aujourd'hui, il ne lui reste que des dettes, dues à la disparition de son père des années plus tôt et aux frais médicaux nécessités par sa mère qui vient de mourir.

Ensuite Gillian, dont le mari a été tué, la laissant seule avec leur fille Maddy, adolescente. Gillian est enseignante et s'efforce d'inculquer quelques connaissances aux enfants qui lui sont confiés. Elle ne se remet pas de la mort violente de son mari, qui était garde fédéral et s'est un peu perdue dans l'alcool et la colère.

Une troisième voix intervient régulièrement et nous comprenons assez vite qu'il s'agit du père de Wendell, Verl, meurtrier qui a été obligé de s'enfuir dans la montagne et n'en est jamais revenu.

L'histoire débute avec l'arrivée chez Wendell de Rowdy, 7 ans, fils de sa cousine Lacy, emprisonnée pour trafic de drogue. Il est le seul parent de l'enfant et le prend sous son aile comme si c'était son propre fils. Rowdy n'est pas tout-à-fait comme les autres enfants. Complètement mutique, maigrichon, traumatisé, c'est un gamin sensible auquel Wendy va s'attacher et essayer de faire au mieux pour le protéger

Wendell, Gillian, Maddy, Rowdy et Verl, le père, tous ces personnages sont liés, et il faudra les dernières pages pour saisir toutes les nuances. Un drame se noue sur fond d'appauvrissement de la région, les éleveurs ne s'en sortent plus, la terre est épuisée, ils sont écrasés d'impôts. Trop d'hommes sont dans une situation sans issue. Par ailleurs, ils sont surarmés et ne supportent pas les nouvelles règles qui ont été instaurées pour préserver ce qui peut encore l'être. Une chasse au loup espérée depuis longtemps va servir de déclencheur à la violence.

Ce roman charrie toute l'âpreté des conditions de vie dans l'Amérique qui ne promet plus de rêves mais recèle aussi une grande tendresse à travers le lien qui se construit entre Wendell et Rowdy. La jeune Maddy se révèle un beau personnage, courageux et réfléchi, sans oublier la nature décrite avec une certaine poésie.

Les derniers chapitres m'ont empêchée d'aller dormir à une heure raisonnable tellement ils sont tendus et haletants.

"La douleur était pareille à une scie qui la transperçait, tranchait les tendons, fendait les côtes jusqu'à ce que l'air sec siffle à travers elle. Elle rentrait du travail, mettait Maddy au lit, puis se laissait aller à des crises de sanglots rauques. Elle était devenue dépendante, elle se définissait par ces pleurs - je porte le deuil, se disait-elle. C'est ce que je fais, c'est ce que je suis".

Un très beau premier roman, qui sera suivi par d'autres je l'espère.

L'avis de Krol

Joé Wilkins - Ces montagnes à jamais - 320 pages
Traduit de l'anglais par Laura Derajinski
Editions Gallmeister - 2020

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Commentaires
P
Euh, les extraits ne me font pas envie... Mais je veux bien l'avoir en mains, lire la 4e de couv et le feuilleter !
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A
Tu donnes très envie de le découvrir ! ;)
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S
Ils sont assez rares les romans qui m'empêchent de m'endormir à une heure raisonnable. Je note donc ! (et je pense également à une personne à qui je pourrais l'offrir).
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P
La couverture est magnifique, déjà ! Et puis une histoire qui fait coucher à une heure déraisonnable, c'est tentant... Seul petit bémol, je ressens une certaine "rudesse", mais je ne vais pas m'arrêter à cela peut-être. Belle journée Aifelle. brigitte
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D
Pas suffisamment fan de littérature américaine pour me lancer...
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