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31 juillet 2019

Le chagrin des vivants

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"En ce début de semaine, il n'y aura pas foule, la vaste piste sera glaciale. Comme la direction n'autorise pas le port des lainages à l'intérieur, les filles essaient toutes les ruses possibles : coudre des couches supplémentaires sous leurs robes, ou porter deux paires de bas, mais rien ne marchera guère par un lundi après-midi hivernal ; votre seul espoir est d'être choisie et de bouger en permanence de façon à ne pas devoir rester immobile trop longtemps".

Deuxième lecture de l'auteure après l'excellent "La salle de bal" et mon impression est tout aussi bonne.

Nous sommes en 1920. Les traces de la guerre sont omniprésentes dans les coeurs, dans les corps et dans l'aspect de la ville (Londres). Nous allons suivre la vie de trois femmes qui ont eu à souffrir de cette guerre, à travers un fils, un frère, un fiancé. Elles ne se connaissent pas, mais sans le savoir elles sont reliées les unes aux autres.

L'histoire se déroule sur cinq jours, le temps qu'il a fallu pour acheminer le corps du soldat inconnu britannique jusqu'à Londres avec pour apothéose une grande manifestation populaire.

J'ai apprécié le choix de points de vue féminins sur cette période. Non seulement ces femmes sont face à des deuils quasiment impossibles, mais elles doivent batailler ferme pour gagner un peu de liberté dans une société encore très corsetée. Je pense surtout à Evelyn, membre d'une famille riche et éminente. Ou à Hettie, obligée de s'effacer en permanence devant son frère, incapable de reprendre une vie normale.

De leur côté, les hommes qui sont revenus sont rarement intacts, que ce soit physiquement ou moralement. Les plus touchés en sont réduits à mendier des aides que l'Etat, qui les a envoyés à la boucherie, ne leur accorde qu'avec parcimonie.

Les trois portraits de femmes sont touchants et fouillés. Au terme de l'hommage au soldat inconnu, diversement vécu par la population, peut-être arriveront-elles à envisager un autre avenir, moins désespérant.

Lecture commune avec Anne des mots et des notes Anne Mon Petit Chapitre Béa Comète George Ingannmic Jackie Brown

Asphodèle ne reprend pas son blog, mais elle a souhaité participer avec nous à cette lecture commune. Voici son billet :

Londres du 7 au 11 novembre 1920. Les anglais se préparent à l'arrivée avec tambours et trompettes du soldat inconnu. La population se remet difficilement de la guerre et à travers le destin de trois femmes, Ada, la cinquantaine, Evelyne 30 ans et Hettie 18 ans, Anna Hope nous brosse un portrait édifiant des ravages laissés par la guerre, à tous les étages de la société.

A l'instar d'Ada qui voit son fils disparu partout et délaisse son époux. Hettie danse tous les après-midis pour 6 pence la danse afin de compenser le vide financier laissé par son frère revenu mutique et traumatisé. Enfin, Evelyne, bourgeoise, amère, aigrie, travaille comme une forcenée pour oublier Fraser son fiancé mort pour la patrie. Et je n'oublie pas le frère d'Evelyn, le capitaine Montfort qui s'adonne à l'alcool et à la coke depuis son retour. Il faut dire qu'il est revenu mais... certaines choses se paient après. Pourtant c'était un si charmant garçon.

Curieusement, le hasard -car le hasard fait bien les choses on le sait, surtout dans les romans- ces trois destins de femmes vont se croiser, s'effleurer le temps de ces quatre jours, comme si leurs morts, incarnés par ce soldat inconnu essayaient de leur envoyer un dernier message. Tout cela ravive les vieilles croûtes qui commençaient à sécher. Certains ne veulent pas y aller, trouvant cela hypocrite et d'autres vont se précipiter pour ne pas oublier.

La fin m'a un peu décontenancée ce qui m'empêche d'en faire un coup de coeur total mais j'ai beaucoup aimé cette lecture, comme un orage d'été imprévisible, une lecture lourde d'émotions, de chagrin mélancolique. C'est un livre sur le deuil et ce que nous laissent les morts : un chagrin irréversible. Un chagrin dans lequel certains s'enfoncent là où d'autres le refoulent et d'autres encore le nient avant d'en faire une force. Cependant, ce sujet douloureux est traité avec tact et sincérité. Une lecture que je recommande malgré le sujet... 

A bientôt peut-être sur mon blog, je ne vous oublie pas...
Asphodèle

Anna Hope - Le chagrin des vivants - 432 pages
Traduit de l'anglais par Elodie Leplat
Folio - 2017
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Commentaires
D
J'avais beaucoup aimé "La salle de bal" mais j'ai encore plus aimé celui-ci. <br /> <br /> Daphné
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S
J'ai "la salle de bal" dans ma PAL. Il devrait sortir un jour ou l'autre. C'est une autrice qui m'attire !
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P
Bon retour Aifelle, que ces vacances passées te laissent de belles forces ! Ce titre est noté... pour mon retour ! Bises aoutiennes. brigitte
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S
je l'ai ajouté à ma liste à lire "rapidement", le problème est que je parviens toujours à saisir un autre roman avant ;)
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G
Le sujet est intéressant, surtout via l'époque qu'elle traverse. je note, au cas où ce roman croiserait ma route.
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