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Le goût des livres
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16 janvier 2019

Le vestibule des causes perdues

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"A Espeyrac le temps avait passé, mais les trois filles étaient toujours là où on les avaient laissées, à la terrasse du Café de la place. Le frais du soir tombait sur les épaules. Mara aida Clotilde à porter son sac, une anse chacune, Clotilde dit : voilà, c'est ainsi qu'il faudrait marcher, partager les poids des sacs, les porter à deux. Elles frissonnaient et n'avancaient pas droit, mais ce n'était pas très grave. Ses victuailles à bout de bras dans des sacs plastique, Marie Thé traînait derrière, regardait ces deux-là, leur démarche brinquebalante. Ce qui est bien avec les éclopés de la vie, c'est qu'ils trouvent toujours des choses à se raconter. Et sur ce chemin, il y en avait une sacrée quantité, d'éclopés".

Derrière ce titre un peu énigmatique se cache un roman qui nous entraîne sur les chemins de Compostelle. Nous suivons une bonne dizaine de personnages qui au fil des étapes vont se retrouver, se croiser, se jauger. Il y a ceux qui préfèrent marcher seuls, ceux qui aiment être accompagnés, il y a les lents, les pressés, les bavards, les taciturnes.

Ce qu'ils ont en commun c'est d'avoir été poussés sur le chemin par la nécessité de bouger quelque chose dans leur vie, que ce soit par désespoir ou par un sursaut d'énergie pour certains. Ils n'ont pas tous la foi, loin s'en faut, quelqu'un leur a parlé du chemin par hasard, ou ils pensaient y aller de longue date, c'est selon.

Il y a Mara, la jeune fille qui ne mange pas, dévorée par une souffrance qui la dépasse ; Sept-Lieux, le taiseux qui marche toujours devant, tout seul, dans le silence ; Mathilde et Marie-Thé, les maternantes, qui ne peuvent pas s'empêcher de veiller sur les autres ; Arpad, le jeune Hongrois qui ne parvient pas à digérer une nouvelle qui bouleverse sa vie ; le Breton, Robert, Bruce le parisien, équipé comme un pro et un trio de Brésiliens joyeux, un homme et deux femmes.

Eparpillés au départ, ils feront connaissance petit à petit jusqu'à former un vrai groupe qui ne se lâche plus beaucoup. Une solidarité se créé, malgré les humeurs des uns et des autres, pas toujours au beau fixe.

Plus que du chemin lui-même, il est question ici des relations entres les pélèrins, leur questionnement sur leur histoire, le retour sur ce qui les a amenés là. Ils n'attendent pas forcément de solutions, mais ils comprennent qu'ils n'arriveront pas au bout du chemin comme ils sont partis.

Bien sûr les douleurs et les difficultés physiques sont là, la météo changeante, les étapes trop longues, les soirées maussades, les jours où ça ne va pas, où l'on se demande pourquoi on a fait une folie pareille, mais ce qui domine c'est le plaisir de ne pas lâcher, d'avancer toujours, d'être là, ensemble, de veiller discrètement les uns sur les autres. Et il y a des lieux d'accueil particulièrement ouverts et chaleureux qui redonnent la pêche.

Je ne vous cacherai pas que l'ensemble est parfois un peu trop idyllique, les amours un peu trop miraculeux, mais ce n'est pas grave, je me suis vite attachée à chacun d'entre eux et avait hâte de les retrouver le soir, en imaginant les paysages splendides traversés.

Une lecture distrayante et réconfortante.

L'avis de FondantGrignote

Objectif PAL 2

Manon Moreau - Le vestibule des causes perdues - 480 pages
Pocket - 2014

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Commentaires
S
J'ai lu le livre de Ruffin sur le même thème mais sans doute moins fantaisiste.<br /> <br /> Je ne dis pas non pour celui-ci s'il croise ma route.
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A
Un titre qui plairait très certainement à Monsieur (qui aime ce genre de récits de voyage). Tu sembles avoir passé un bon moment de lecture avec ce roman...
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M
Le côté idyllique me freine un peu mais pourquoi pas.
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L
Sur le thème du chemin de Compostelle j'ai lu un titre d'Alix de Saint André cet été, comme je l'ai beaucoup aimé j'aurais un peu peur de la comparaison. Un roman qui aurait été parfait pour le challenge Feel Good de Soukee ;0)
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A
C'est bien aussi les lectures distrayantes et réconfortantes. C'est curieux, pourquoi en avons-nous parfois un peu honte ? (Je ne sais pas si c'est ton cas, mais c'est souvent le mien...)
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