Chroniques de l'Occident nomade
"J'ai envie d'écrire, j'ai l'intention de vous dire tout ce qui est dicible. Le reste, vous le déduirez. C'est à force de ce genre d'aphorisme qu'on comprend ce qu'a voulu dire un auteur. Je me revois parfois dans rues de Vienne avec une minuscule Australienne rousse et deux autres filles anglophones dont je ne visualise plus le visage. La rousse avait un visage de chiot, revenait de Thaïlande et voulait depuis deux pays me refiler un pantalon thaï ouvert sur les côtés dans lequel j'avais l'air d'une grande blonde en couche-culotte de luxe. Je marche dans les rues avec ces filles que je ne connais pas et pourtant nous sommes pareilles".
Des chroniques de voyage pas tout-à-fait comme les autres, émanant d'une jeune auteure suisse. Elle a attrapé le virus du voyage à quinze ans, en Grèce et il ne l'a plus quittée.
Il n'y a pas ici de description des lieux visités, plutôt des instantanés, des sensations qui reviennent, liées à une lumière, une ambiance, une rencontre, essentiellement avec des voyageurs nomades, comme elle. Les images reviennent en vrac, mélangeant les années, les pays, les amours, les séparations, les retrouvailles, avec une étonnante fluidité.
L'auteure raconte aussi bien les moments d'émerveillement que les découragements et les mauvaises expériences. Ses réflexions sur le monde sont d'une maturité certaine.
J'ai beaucoup aimé ces éclats de vie nomade, écrits d'une plume élégante, qui a su trouver la bonne distance entre réserve et dévoilement.
"Partir est le meilleur moment. Je l'ai écrit une fois, avec une simplicité tautologique, mais partir est le meilleur moment. Le moment où l'on a mis son sac sur le dos, fait tous les adieux, rendu toutes les clés, où l'on a l'exacte somme nécessaire à un billet vers la gare, un bon pull, un sac de nourriture, un ticket de train à portée de main. Quand on part, on n'est déjà plus là mais on n'est pas encore ailleurs. On a connu des gens qu'on ne reverra peut-être jamais. On les a côtoyés quelques jours, quelques heures, mais on s'en rappellera parfois toute une vie et on les aura même quelquefois aimés".
Ce récit a remporté le prix Nicolas Bouvier 2011
L'avis de Hélène Le Petit Carré Jaune
Le site d'Aude Seigne
Aude Seigne - Chroniques de l'Occident nomade - 140 pages
Zoé poche - 2013