En attendant Bojangles
"Mes parents dansaient tout le temps, partout. Avec leurs amis la nuit, tous les deux le matin et l'après-midi. Parfois je dansais avec eux. Ils dansaient avec des façons vraiment incroyables, ils bousculaient tout sur leur passage, mon père lâchait ma mère dans l'atmosphère, la rattrapait par les ongles après une pirouette, parfois deux, même trois. Il la balançait sous ses jambes, la faisait voler autour de lui comme une girouette, et quand il la lâchait complètement sans faire exprès Maman se retrouvait les fesses par terre et sa robe autour, comme une tasse sur une soucoupe".
Ce premier roman a été suffisamment vu déjà sur les blogs pour que vous sachiez que le titre est celui d'une chanson de Nina Simone, qui a une place importante dans l'histoire. Histoire racontée d'abord à hauteur d'enfant, le petit narrateur nous entraîne dans une enfance apparemment idyllique. Un père qui embellit en permanence le quotidien de ses fabuleux mensonges, une mère hautement fantaisiste qui n'aime que danser, s'amuser, inventer, entourée d'une multitude d'amis. C'est la fête tout le temps dans un grand appartement parisien ou un château en Espagne.
Assez vite, arrivent en contrepoint des extraits du journal du père qui ramène à la réalité nettement moins rose. Sous les bulles de champagne rôde une menace sournoise qui prendra de plus en plus forme, donnant de l'épaisseur aux personnages et laissant pressentir un drame.
Vous allez me dire qu'on le voit trop partout ce roman. C'est vrai, mais ce serait dommage de vous en priver pour autant. J'ai énormément aimé l'impression de montagne russe entre la drôlerie du récit du petit garçon et le désarroi de plus en plus criant du père. On a en permanence une envie de fou-rire et la gorge serrée en comprenant ce qu'il y a derrière. Et il y a tellement d'amour entre eux, amour qui les fera aller loin pour continuer à être ensemble.
Les personnages secondaires ne sont pas négligés non plus, il faut faire connaissance avec "Mademoiselle Superfétatoire" et "L'Ordure", je n'en dis pas plus.
Une très jolie surprise de cette rentrée de janvier. Malgré le drame qui couve, on en garde surtout une impression de charme et de bonheur.
L'avis de Gwenaëlle Jérôme Keisha Leiloona Noukette Séverine
Olivier Bourdeaut - En attendant Bojangles - 159 pages
Editions Finitude - 2016