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Le goût des livres

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28 novembre 2021

Déménagement

Et bien voilà, ma pause a duré le temps nécessaire et je me sens prête à repartir, doucement et à mon rythme. Mais pas ici. Fini la pub et les bugs (du moins je l'espère), je déménage. Voici ma nouvelle adresse, à mettre dans vos agrégateurs de flux. A très bientôt.

http://legoutdeslivres.hautetfort.com

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Giverny - Novembre 2021

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12 avril 2021

Pause

Je mets mon blog en pause pour différentes raisons dont la première est une baisse certaine de motivation. De plus, canalblog est une plateforme de moins en moins fiable, les bugs sont récurrents, surtout le week-end, la publicité envahi exagérément l'espace, trop agressive pour la lecture des visiteurs, ce n'est plus possible de continuer avec eux.

Je prends donc le temps de la réflexion, n'étant pas très motivée non plus pour recréer un blog ailleurs. Un arrêt me permettra peut-être d'y voir plus clair et de me redonner un minimum d'envie. A suivre et portez vous bien ...

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11 avril 2021

Bon dimanche

Sona Jobarteh et Ballaké Cissoko

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Photo : Julien Borel

9 avril 2021

Toute la violence des hommes

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"Un soir je l'ai emmené faire un tour. J'ai pris mon équipement et on est allés dans un terrain vague. Le Niko, il balisait. Il tremblait comme une feuille. Putain, vous auriez dû le voir. Pire qu'un gamin qui entre dans un bordel pour la première fois. J'ai fait deux trois tags et je lui ai passé le relais. Malgré le stress, il s'est lâché et s'est mis à bomber comme un malade. Il disait qu'il se sentait enfin libre. Je connais cette sensation. Il n'y a pas de liberté sans transgression. La liberté, la vraie, c'est celle que tu prends, en décidant de ne pas faire ce qu'on t'impose ou de faire ce qui est interdit".

Le mois belge d'Anne et Mina a été l'occasion de renouer avec Paul Colize, dont "Back-Up" m'avait captivée. Un peu moins "Un jour comme les autres".

"Toute la violence des hommes" est mené sans temps mort, avec des chapitres courts, alternant entre présent en Belgique et passé en ex-Yougoslavie au début de la guerre.

Une jeune femme, Amanda, a été poignardée dans son appartement. La police soupçonne Nikola Stankovic, un graffeur anonyme, d'être l'auteur du meurtre. Elle a retrouvé chez lui des esquisses de la scène du crime, tout l'accuse. Il se contente de répéter "c'est pas moi".

Niko n'est pas un inconnu, il a couvert Bruxelles de dessins géants violents et énigmatiques, montrant à la fois un grand talent et des dons d'acrobates, les dessins ayant été réalisés sur des murs difficiles d'accès. A noter que ces dessins existent vraiment (certains ont été recouverts) et que l'auteur a rencontré le graffeur avec qui il s'entretient à la fin du livre.

Niko s'enfonce dans le mutisme, même avec son avocat qui voudrait pourtant le défendre plus efficacement. La question se pose de son l'état mental et il se retrouve en observation dans un établissement psychiatrique, mené de main de fer par sa directrice, Pauline Derval.

Là, on lui permettra de reprendre les pinceaux et c'est à travers ses fresques que l'avocat et la directrice essaieront d'avancer dans la compréhension de ce qui a pu se passer.

Niko, s'il ne peut pas parler, a la tête pleine d'images datant de ses huit ans, où il a vécu le siège de Vukovar, particulièrement meurtrier. Les bombes, la cave, les ruines, la violence omniprésente, il ne peut l'exprimer que dans ses dessins. Il faudra du temps pour décrypter le sens de ce qu'il jette sur les murs. L'avocat et la directrice vont tout mettre en oeuvre pour l'aider malgré lui, touchés par ce qu'ils pressentent de traumatismes terribles dans l'enfance. Niko risque, d'un côté la prison pendant de nombreuses années, de l'autre un internement psychiatrique à vie, il est donc vital de le faire sortir de son mutisme.

L'intrigue est bien menée, laissant le lecteur dans l'expectative pendant un long moment. Coupable ou pas coupable Niko ? Et sortira-t'il de son mutisme ? J'ai particulièrement été intéressée par les passages à Vukovar, au début de la guerre. Je suivais les évènements bien sûr, mais racontés de l'intérieur, avec des yeux d'enfants qui voit son monde exploser, c'est autre chose.

L'avocat est nuancé dans son approche, à l'inverse de la directrice, taillée d'une pièce, à moins que ce ne soit un faux-semblant.

Un polar qui tient en haleine, avec un arrière-plan historique solide.

L'avis de Kathel

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Paul Colize - Toute la violence des hommes - 320 pages
Editions Hervé Chopin - 2020

8 avril 2021

Elmet

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"Papa nous avait dit un jour que les batailles n'ont en réalité lieu qu'entre deux personnes, et à un moment bien précis. Qu'il a beau y avoir des armées, des gouvernements et des idéologies, au bout du compte, ça se joue entre deux adversaires, celui qui va tuer, et celui qui va être tué. Tous les autres, avec ou contre vous, ont disparu. Ça se joue entre vous et un autre dans un champ de boue, votre peau nue sous vos vêtements. Papa nous avait dit que quand on se retrouvait face à quelqu'un, voilà ce qu'on ne devait jamais oublier : on ne peut regarder qu'une seule personne à la fois dans les yeux."

John Smythe a choisi de vivre à l'écart des hommes avec ses deux enfants adolescents, Cathy et Daniel. Il a construit une maison de ses propres mains, dans le Yorkshire, au coeur de la forêt, sur un terrain qui appartenait à sa femme, disparue du jour au lendemain. Proche de la nature, le trio se débrouille et limite le plus possible les visites au village. Leurs liens sont étroits, le père ayant à coeur de transmettre sa vision de la vie, les enfants faisant pleinement confiance au père, jugé invulnérable à cause de sa force physique.

Le tyran du village, Mr Price, ne l'entend pas de cette oreille. Il prétend être le propriétaire du terrain occupé par John. C'est un homme cupide et usant de violence pour arriver à ses fins. Il a étendu son pouvoir d'année en année, profitant de l'appauvrissement des villageois, obligés d'abandonner leurs terres pour devenir mineurs.

Daniel, le fils, est le narrateur de l'histoire. Nous savons dès le début qu'il est sur la trace de sa soeur qui dû s'enfuir après un drame. La tension est installée dès le départ. Mr Price veut expulser John et tous les moyens seront bons. John a travaillé comme homme de main pour Mr Price, allant menacer ses débiteurs à domicile. Il a participé aussi à des combats clandestins qui rapportaient beaucoup d'argent, mais il ne veut pas continuer.

Comme si tout cela ne suffisait pas, les deux fils de Mr Price tournent autour de Cathy. Elle sait se défendre, bien plus que Daniel, garçon délicat, qui aspirerait à une vie plus calme et confortable.

John, avec l'aide d'un syndicaliste, réussit un temps à mobiliser quelques hommes du village capables de tenir tête à Mr Price. Mais l'heure venue, leur union sera fragile devant l'emprise du riche propriétaire.

J'ai aimé cette histoire qui m'a tenue en haleine d'un bout à l'autre, sans être insupportable comme d'autres récits du même genre. Sans doute à cause de la poésie qui s'en dégage. Le monde décrit, brutal et sombre, est compensé par de magnifiques passages sur la nature et le père et les enfants sont attachants.

Des zones d'ombre subsistent, ce qui ne m'a pas gênée et la fin est ouverte, laissant libre cours à l'imagination du lecteur.

Un premier roman prometteur.

Merci aux Editions Folio

L'avis d'Alex Cathulu

Fiona Mozley - Elmet - 320 pages
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux
Editions Folio - 2021

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4 avril 2021

Bon dimanche

Piers Faccini

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Photo : Julien Mignot

2 avril 2021

Ce qui est monstrueux est normal

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"C'est une ville qui ressemble à toutes les autres, en France. Avec ses habitants qui marchent en titubant sur les trottoirs ; ses fumeurs qui crachent leurs tripes ; ses hommes qui partent au travail tôt le matin, sans que les passants se doutent de ce qu'ils ont fait de leurs mains la nuit passée, de ce qu'ils ont fait de leur sexe cette même nuit ; ses femmes qui courbent la tête et qui végètent dans leur robe de chambre une partie de la matinée, le bol de café rempli à ras bord et le cendrier qui déborde de mégots de cigarettes, ces femmes qui ont bien entendu quelques bruits en provenance de la chambre pendant qu'elles étaient encore sur le canapé, à se persuader que cela provenait de la télé ; ses enfants qui partent à l'école en évacuant déjà les brumes de la nuit passée, puisque les adultes ne trouvent rien à y redire, puisque le quotidien se construit de ces jours d'école et de ces nuits dont il ne faut rien dire".

Un article dans Télérama, un billet de Cathulu, et j'ai emprunté ce livre à la bibliothèque, avec un peu d'appréhension. Je n'en suis pas à ma première lecture sur le sujet, j'ai dû commencer avec "le viol du silence" d'Eva Thomas (1986). C'est triste de lire à peu près la même chose tant d'années après, l'énorme problème de l'inceste ne provoquant toujours pas la prise de conscience nécessaire dans la société.

J'ai vite abandonné mon appréhension devant la force de l'écriture, la précision des mots, sans que rien ne nous transforme en voyeurs à aucun moment. Ce n'est pas seulement l'évocation d'un inceste, c'est celui de la misère sociale, intellectuelle, affective, culturelle de ces populations qui accumulent tous les handicaps. Quand on est petite fille et que l'on grandit là, on ne se rend pas compte que rien ne va, que ce n'est pas une vie normale. On a peur tout le temps et on apprend à se taire.

L'auteure ne dit pas "je", mais "l'enfant", ce qui établit au départ une petite distance bienvenue. Si elle se replace à hauteur d'enfant, c'est aussi l'adulte qui s'exprime, celle qui est devenue professeur de lettres, parce qu'elle a rencontré sur sa route des personnes secourables, qui ont su voir en elle les capacités enfouies. Elle a écrit un premier roman à 9 ans, ce qui l'a sûrement sauvée.

Ce sont 96 pages que l'on lit le coeur serré, il n'y a pas de faux-semblant dans ce récit, mais il est aussi porteur d'espoir et de beauté par d'autres aspects, celui où l'auteure évoque son rapport à l'écriture et aux livres et son parcours semé de violences et de patients apprentissages.

"C'est dans ce monde que l'on pourrait croire en perdition que l'enfant a découvert un mot qu'elle ne connaissait pas, dont elle ignorait tous les contours, les beautés, les reliefs : la culture. C'est là qu'elle s'est promenée dans une bibliothèque, les mains frôlant les rayons, extasiée devant tant de pages à tourner. C'est là que les adultes ont lu ses poèmes, sans lui dire, comme sa propre mère faisait."

J'ai été impressionnée par la plume de cette jeune auteure et je suis curieuse de découvrir maintenant ses précédents romans.

Céline Lapertot - Ce qui est monstreux est normal - 96 pages
Editions Viviane Hamy - 2019

31 mars 2021

L'autre moitié de soi

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"A la Nouvelle-Orléans, Stella se divisa en deux. Elle ne le remarqua pas tout de suite, parce qu'elle avait été double toute sa vie : elle était elle-même et elle était Desiree. Belles et rares, on ne les appelait jamais les filles, uniquement les jumelles, comme si c'était un titre officiel. Elle s'était toujours définie ainsi mais, à la Nouvelle-Orléans, la division s'opéra peu après son renvoi de la blanchisserie. Ce jour-là, à Dixie Laundry, elle rêvassait, songeant à la matinée où on l'avait prise pour une blanche au musée. Ce qui lui avait plu, ce n'était pas tant d'être blanche que d'être quelqu'un d'autre".

A Mallard, en Louisiane, dans les années cinquantes, la population afro-américaine a la particularité d'avoir la peau claire, résultat de métissages sur presque un siècle. Si les habitants en sont fiers, ils n'en subissent pas moins l'impitoyable ségrégation de l'époque. Les deux jumelles Vignes en savent quelque chose, puisque leur père a été lynché sous leurs yeux, scène de leur enfance qui les hantera longtemps.

Desiree et Stella rêve d'une autre vie que celle qui les attend dans ce trou perdu. Desiree, la plus hardie, pousse sans cesse sa soeur à partir à la Nouvelle-Orléans avec elle. Finalement c'est Stella qui impulsera le départ. Elles disparaîtront de Mallard du jour au lendemain, laissant leur mère sans nouvelles.

Quinze ans après, Desiree rentre à Mallard, avec une petite fille à la peau noire comme du charbon. Elle raconte que Stella a disparu sans laisser de traces de la Nouvelle-Orléans, il y a des années. Desiree s'est retrouvée seule, s'est mariée et s'est manifestement enfuie loin de son mari.

Il est essentiellement question d'identité dans ce roman, celle à laquelle la société nous assigne, celle que nous ressentons, avec en plus la complexité de la gemellité. Stella veut vivre une vie de blanche, ce qu'elle arrive à faire, au prix d'un mensonge permanent et d'une perte définive de sa famille. 

De son côté, Desiree a épousé un homme très noir, ce qui ne lui est pas pardonné à Mallard et pèsera lourd sur l'enfance de sa fille, Jude, mise à l'écart. Même si pour la génération suivante les choses ont un peu évolué, le racisme reste omniprésent.

L'évolution des deux soeurs séparées est déjà riche en évènements et en questionnements, le parti pris de l'auteure de donner la parole ensuite à la fille de Stella, Kennedy, et à celle de Desiree, Jude, renforce l'intérêt de l'histoire. Les interractions entre les quatre femmes sont passionnantes et inattendues.

Un roman captivant, qui continue à agir une fois la dernière page tournée.

L'avis de Ariane Delphine-Olympe Hélène Papillon Une Comète

Brit Bennett - L'autre moitié de soi - 480 pages
Traduit de l'anglais par Karine Lalechère
Editions Autrement - 2020

28 mars 2021

Bon dimanche

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26 mars 2021

La photo du jour

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