Back up
"Quel rapport entre la mort en 1967 des musiciens du groupe de rock Pearl Harbor et un SDF renversé par une voiture à Bruxelles en 2010 ? Lorsque l'homme se réveille sur un lit d'hôpital, il est victime du Locked-in Syndrome, incapable de bouger et de communiquer. Pour comprendre ce qui lui est arrivé, il tente de reconstituer le puzzle de sa vie. Des caves enfumées de Paris, Londres et Berlin, où se croisent les Beatles, les Stones, Clapton et les Who, à l'enfer du Vietnam, il se souvient de l'effervescence et de la folie des années 1960, quand tout a commencé ..." (4e de couverture)
J'avais entendu beaucoup d'éloges sur ce roman noir, mais je partais avec un handicap : je ne m'intéresse pas du tout au rock, ni à tout ce qui gravite autour. J'ai vite été rassurée, ça n'a absolument pas gêné ma lecture, l'histoire et les personnages sont suffisamment prenants pour que je ne lâche plus le livre.
J'en ai lu une bonne moitié sans comprendre où allait mener ce récit à deux voix, d'un côté l'homme non identifié prisonnier de son syndrome sur un lit d'hôpital et de l'autre le groupe de rock décimé en quelques jours, puis les liens se mettent doucement en place et une angoisse sourde s'installe, de plus en plus forte.
L'évocation des années 1960 à travers la trajectoire d'une jeune garçon fou de batterie m'a rappelé à plusieurs reprises Vernon Subutex : sexe, drogue et violence à tous les étages. Le jeune homme quitte la Belgique pour fuir le service militaire, le voilà sans papiers officiels à Paris d'abord, puis à Londres, vivant d'expédients et de combines, en compagnie d'une jeunesse assoiffée de liberté et de nouveauté.
Mais les années 1960, c'est aussi la guerre au Vietnam, la guerre froide et son cortège de coups tordus. La machination qui se fait progressivement jour autour de la mort du groupe de rock fait froid dans le dos par sa vraisemblance. Que pèsent les individus face à aux manipulations d'un Etat ?
L'inconnu cloué sur son lit cogite et reconstitue son passé à petites doses. Il a de nombreux côtés pas sympathiques du tout, mais on s'y attache quand même parce qu'il manifeste des remords, des regrets et voudrait tellement racheter ses erreurs passées. L'engrenage dans lequel il a été pris l'a rapidement dépassé et son esprit constamment embrumé par toutes sortes de produits n'a sûrement pas aidé.
La fin ne m'a pas plu, mais pouvait-il y en avoir une autre ? Ce qui compte, c'est que j'ai été intriguée et captivée d'un bout à l'autre.
Paul Colize - Back Up - 489 pages
Folio - 2013