Les disparus de la lagune
"Brunetti revit la corde autour de la jambe de Casati et tourna ses pensées vers le Casati encore en vie. Il se remémora le vieil homme et le plaisir qu'il avait à lui signaler les échassiers pataugeant et nichant dans la lagune et au milieu de la nature qui explosait littéralement de vie à chaque instant. Il se souvint notamment du bébé échassier aux ailes noires que Casati lui avait montré, se fondant parfaitement avec les roseaux et les brins d'herbe sèche. Casati connaissait les noms et les habitudes de tous les oiseaux qu'il voyait et les indiquait au citadin qu'il était avec une patience d'ange".
C'est la quatrième enquête du Commissaire Brunetti que je lis et c'est la première fois que je m'intéresse autant à l'intrigue qu'à la vie de famille de Guido Brunetti. Le commissaire fait un burn-out. Ce sont des choses qui arrivent, même aux meilleurs.
Il est fortement incité à se mettre au vert et avec l'aide des relations de sa femme, il va s'installer quelque temps dans une villa sur l'île de San Erasmo, à l'écart de Venise. Il va y découvrir Casati, un vieil homme qui a connu son père et va lui permettre de sillonner la lagune dans une barque traditionnelle.
Les jours s'écoulent lentement, rythmés par les sorties avec Casati, très tracassé par la disparition de ses abeilles. Il les retrouve mortes sans comprendre ce qui se passe. Brunetti essaie de faire le point sur sa vie et l'orientation qu'il voudrait lui donner.
Jusqu'au jour où, après un orage violent, Casati disparaît. On le retrouve mort noyé. Comment cet homme qui connaissait si bien la lagune et ses dangers a-t'il pu se laisser ainsi piéger ? Voilà donc Brunetti sorti de sa léthargie et mêlé malgré lui à l'enquête. Il ne croit pas à la noyade accidentelle.
Une vieille histoire remonte à la surface, sur fond de corruption et de destruction de la nature. La beauté de la lagune est trompeuse et cache des secrets explosifs. Je pense que l'auteure s'est appuyée sur des faits réels qui font plutôt froid dans le dos.
J'ai particulièrement aimé cet opus qui se déroule lentement, attentif à l'environnement, à la disparition quasi-inéluctable des traditions. Le questionnement existentiel de Brunetti, son éloignement de Venise, ajoutent une touche inhabituelle à cette série.
C'est mon titre préféré à ce jour (mais il m'en reste beaucoup à lire).
Donna Leon - Les disparus de la lagune - 360 pages
Traduit de l'anglais par Gabriella Zimmerman
Editions Points - 2019