L'horizon qui nous manque
"Il en allait des plantes comme des hommes. La chance de s'épanouir, de croître et d'embellir, dépendait beaucoup du cadre de vie."
Lucille se réfugie quelque part entre Gravelines et Calais après un burn-out. Elle a lâché son métier d'institutrice pour faire du bénévolat dans la jungle de Calais et se retrouve en burn-out, d'autant plus qu'elle doit encaisser aussi une rupture récente.
Elle croise la route d'Anatole, vieil homme solitaire qui veut bien lui louer sa caravane. Chasseur, il sculpte aussi des oiseaux en bois qui ne sont pas des plus ressemblants. Un troisième marginal va bientôt les rejoindre, Loïk, personnage assez inquiétant, ayant fait de la prison et pas pour des broutilles.
Ils vivent à l'écart dans une zone préservée. Dans le secteur on n'aime pas trop les flics, ni les défenseurs de la nature. Rien d'extraordinaire dans ces vies-là, un quotidien de survie, beaucoup de chaleur humaine, de tendresse. Anatole connaît par coeur toutes les répliques des films de Gabin, Loïk aime fredonner les chansons de Capdevielle. Ils se débrouillent avec les miettes que la société leur concède. Chacun raconte ce qu'il veut de lui aux autres, le reste se devine.
C'est un roman noir, très noir, avec des descriptions magnifiques des plages de la mer du Nord, on sent les embruns, on voit l'immensité de l'horizon et on perçoit les menaces qui planent, la violence prête à surgir à tout moment, pour un rien, l'amour aussi. L'histoire ne révèle pas tous ses secrets et c'est bien ainsi.
On referme la dernière page en sachant que l'on ne les oubliera pas de sitôt ces trois-là.
L'avis de Cathulu Choupynette Clara
Pascal Dessaint - L'horizon qui nous manque - 250 pages
Editions Rivages - 2019