Noblesse oblige
"Vianello, qui avançait en regardant ses pieds, eut tout d'abord conscience des graviers qui frappèrent ses chevilles, puis de la poussière qui retomba sur ses chaussures. Ce n'est qu'ensuite qu'il enregistra le bruit du coup de feu. Celui-ci fut rapidement suivi d'un deuxième, et le jaillissement de petits cailloux à moins d'un mètre de l'endroit où il se tenait l'instant d'avant montrait que la balle aurait atteint sa cible. Mais alors que les gravillons volaient dans l'air, le sergent était déjà allongé à la droite de l'allée, renversé par Brunetti ; la force avec laquelle celui-ci avait poussé son subordonné l'avait propulsé, toujours courant, quelques mètres plus loin."
Entre un pavé de 800 pages et un autre de presque 600, j'ai glissé un Brunetti comme une petite sucrerie, histoire d'oublier ce confinement qui tourne en rond certains jours. Je l'ai acheté d'occasion, un peu au hasard, pour cette série j'ai l'impression que l'ordre chronologique n'est pas si important.
C'est le troisième que je lis et comme pour beaucoup de séries, l'enquête n'est pas forcément le principal intérêt du livre, c'est l'enquêteur qui m'intéresse et le monde que l'auteure a construit autour de lui. Et ce n'est pas tout un chacun qui a la chance de travailler à Venise, personnage à part entière.
Cette enquête se déroule dans le milieu de la grande noblesse vénitienne, dans une famille dont la généalogie est connue de longue date. Le commissaire Brunetti fait donc appel à son beau-père, fin connaisseur de ce milieu, puisqu'il en fait partie lui-même.
On vient de retrouver dans la campagne le squelette d'un jeune homme disparu depuis deux ans, enlevé. Après deux demandes de rançon, personne n'a plus eu de nouvelles et les ravisseurs n'ont jamais été retrouvés. Seule une chevalière portant les armoiries des Lorenzoni permet d'identifier le jeune Roberto.
L'enquête va se dérouler lentement, dévoilant des histoires assez louches datant de la seconde guerre mondiale, un trafic inquiétant avec les pays de l'Est, des règlements de comptes familiaux impitoyables. Dans le même temps, Brunetti est préoccupé par sa femme Paola, dont son beau-père lui a affirmé qu'elle n'était pas heureuse.
Un épisode qui ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais que j'ai lu avec un certain plaisir paresseux, comme on retrouve un vieil ami.
Donna Leon - Noblesse oblige - 283 pages
Traduit de l'anglais par William Olivier Desmond
Points - 2005