"Etre mariée avec Max, c'était comme flotter à la dérive sur un radeau, sous un climat agréable, et parfois échouer à terre sans se souvenir d'avoir jamais regretté la civilisation. Quand il était d'humeur, il pouvait être formidable et généreux mais, ces dernières années, elle avait aussi appris à apprécier la solitude, à ne pas passer son temps à guetter ardemment le port, mais à se laisser dériver sans but".
La mention "roman conjugal" sur la couverture de ce roman est un peu trompeuse. Ce n'est pas seulement l'histoire d'un couple qui nous est contée, mais celle d'une famille finlandaise assez bourgeoise. Roman plutôt choral ou, en plus des parents, les deux filles adultes prennent également la parole.
Max, sociologue, va avoir 60 ans. Il a eu son heure de gloire avec la parution d'un livre sur la sexualité des Finlandais, mais est plutôt en perte de vitesse et en panne sur un projet de biographie, paralysé par l'ampleur de son sujet. Sa femme Katrina, travaille dans un hôpital, à la direction du personnel. Un couple bien inséré dans la société, à l'aise, un appartement à Helsinki, une maison de famille à la campagne, une vie agréable.
Helen, la fille aînée est mariée à un homme brillant, a deux enfants, mais ne sait pas trop qu'elle est sa place dans tout cela, et où va sa vie. C'est le personnage le plus terne du roman, à l'inverse de sa soeur Eva, artiste contemporaine partie en stage à Londres, plus pour fuir sa mère que par réelle motivation artistique.
Max accepte mal la soixantaine et va tomber dans le piège classique de la tentation de tester encore une fois sa séduction auprès d'une jeune femme trentenaire. Tout se complique quand ladite jeune femme, journaliste, est chargée de finaliser le livre qu'il ne parvient pas à mettre en forme.
J'ai craint au départ une banale histoire d'adultère comme on en lit tant. Heureusement, c'est plus que cela et je me suis rapidement attachée aux personnages, au trajet de chacun d'eux. Ils sont tous à un moment délicat de leur vie, ou il va leur falloir prendre des décisions importantes pour l'avenir. L'auteur dépeint avec finesse certains milieux comme ceux de l'art contemporain et le mode de vie finlandais, parfois assez éloigné du nôtre. Les problèmes sociétaux ne sont pas oubliés non plus, avec entre autres, le mouvement Occupy à Londres.
Au terme de cet hiver déterminant, les lignes auront bougé, des problèmes importants soulevés, l'angoisse de la vieillesse, les ruptures, la disparition des parents, la solitude, l'amour, l'indépendance. Un premier roman prometteur, très agréable à lire.
L'auteur est Finlandais, mais de langue suédoise.
L'avis de Cathulu
Merci à Masse Critique de Babelio
Philip Teir - La guerre d'hiver - 378 pages
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Albin Michel - 2015