Parti tôt, pris mon chien
"L'éclair d'argent annonçait un nouveau péril - une femme. Une femme qui jaillit en trombe des arbres qui bordaient la route. Une fraction de seconde, Jackson la prit pour une biche - deux ou trois kilomètres auparavant, un panneau de signalisation à peine visible montrait un cerf bondissant. Il n'y avait plus d'ours ni de loups, les seuls prédateurs qui faisaient fuir les femmes de nos jours, c'étaient les hommes".
Un nouveau roman de Kate Atkinson est toujours la promesse d'un moment de lecture jubilatoire et le dernier paru ne faillit pas à la règle, en tout cas pour moi.
Le début de l'intrigue est assez embrouillé, comme toujours avec l'auteure, mais on peut lui faire confiance et la suivre aveuglément, tous les fils finissent par se rejoindre. Le plus important, c'est que nous retrouvons Jackon Brodie, l'ex-policier, l'ex-détective privé, l'ex-riche, bref l'ex un peu tout. Cette fois-ci, il a en face de lui, ou plutôt devant lui un personnage aussi désenchanté que lui, qui en a autant vu dans le domaine des horreurs, c'est Tracy, elle-même policière à la retraite, qui prend soudain une décision ... surprenante et fait basculer sa vie.
Je ne m'amuserai pas à vous résumer l'histoire, c'est impossible. Il y a d'affreux bonhommes, des enfants maltraités, enlevés, des femmes qui subissent, qui perdent la mémoire, un policier pris de remords tardifs et bien sûr un chien. Nous faisons des allées-venues entre l'année 1975, au début de la carrière de Tracy, et trente ans plus tard .. ce qui compte c'est le style de Kate Atkinson, sa causticité, sa férocité, sa lucidité implacable, ses petits arrangements avec la morale, le tout sur fond d'humanité indécrottable chez Jackson et Tracy, toujours enclins à protéger les faibles, quelqu'en soit le prix.
Le roman est émaillé de citations d'Emily Dickinson et de Shakespeare, judicieusement placées "Il s'était pris de passion pour la poésie deux ans plus tôt, lorsqu'il avait failli mourir dans un accident de chemin de fer. (Résumée, la vie de Jackson paraissait toujours plus tragique que la version longue un rien lassante). Les deux choses n'étaient pas nécessairement liées, mais une fois ressuscité, il avait décidé de combler, un peu tard, les lacunes de son éducation au rabais".
Je ne suis peut-être pas bien placée pour vous parler de ce roman, je n'ai aucune objectivité, j'ai adoré le premier de l'auteure "dans les coulisses du musée" et depuis je n'ai été déçue par aucun. Je ne peux pas dire celui que je préfère, je les aime tous, avec ou sans Jackson Brodie. A propos de Brodie, la dernière phrase du roman laisse supposer que nous le retrouverons à l'avenir et c'est une nouvelle hautement réjouissante.
Merci Cathulu
L'avis de Juliette
Kate Atkinson - Parti tôt, pris mon chien - 388 pages
Editions De Fallois - 2010