Fugue
Ce roman est très présent sur les blogs ces jours-ci, je ne m'attarderai donc pas sur le résumé. Clothilde a quatre enfants, un mari pilote, un chien, une belle maison, une vie confortable, bref tout va bien.
Le jour de la rentrée scolaire, la petite Madeleine fait une fugue. Sous le coup de la frayeur, Clothilde crie son nom, jusqu'à perdre sa voix. La fillette sera rapidement retrouvée, mais pas la voix.
Commence alors un long travail de rééducation pour récupérer la voix parlée, travail qui la mènera à découvrir qu'elle peut par contre chanter, et très bien.
C'est le deuxième roman de l'auteur, j'avais aimé le premier "la relieuse du gué" tout en trouvant la partie romanesque un peu faible. Je ferai le même reproche à celui-ci.
J'ai beaucoup aimé l'aspect apprentissage du chant. qui n'a pas été sans me rappeler l'apprentissage de la relieuse. Clothilde fait preuve de patience et d'obstination, malgré l'hostilité de son mari, de son père, et de sa meilleure amie, Alix, qui souhaiteraient la voir adopter un traitement plus radical.
On peut dire que Clothilde possède une force tranquille qui la fait résister et mener son projet à terme : trouver une place et un rôle en dehors de sa vie de mère et d'épouse. Le constat d'une femme qui vient de passer quatre ans entièrement au service de son mari et de ses enfants me paraît très juste. Clothilde se rend compte que son entourage ne veut pas la voir dans un autre registre et renâcle à admettre qu'elle suive son propre chemin.
J'ai vraiment aimé la description des cours de chant, Clothilde a baigné dans la musique, ses deux parents étaient musiciens, elle-même joue très bien du piano, elle se lance avec le même sérieux dans le chant. J'ai aimé aussi le travail de son amie Alix, la distillation des plantes et le processus de fabrication des parfums, ce sont deux univers qui m'intéressent.
Par contre, j'ai trouvé que l'histoire et les personnages manquaient de relief. L'ensemble est lisse, tout s'arrange remarquablement bien, les enfants sont très doués et pas loin de la perfection. L'évolution de Clothilde vers une vie professionnelle ne rencontre guère d'obstacles .. j'aurai préféré un peu plus d'aspérités.
Reste que c'est un beau roman d'atmosphère, et si le chant vous passionne, vous l'aimerez, tout comme vous aimerez Clothilde.
"Mon quotidien crève d'être un monde pratique. Où as-tu vu que j'avais peur du vide ? Grâce à la musique je n'ai jamais su ce qu'était l'ennui. Jamais de ma vie ... Mais la passivité, je la flaire. L'attente que tu as de moi, je la sens ... Le bonheur passé est passé, Vincent, il était lié, tissé autour de la petite enfance de notre progéniture, et de moi plantée là, mais c'est fini, mari dans le ciel, fini. J'en ai fait mon deuil le jour de la dernière rentrée scolaire. Ose encore le dire que je dois rester pratique et laisse moi ma musique, n'y touche pas, n'y pense pas ! Si tu veux que je gagne ma vie en compensation de ce que je ne suis plus toute à toi, je la gagnerai avec ou sans Anima Mundi. Viens Beau, on va chercher les enfants".
Un grand merci à Clara