La tête en friche
"Ce qui est nouveau pour moi, également, c'est qu'avant Margueritte je n'avais pas encore aimé quelqu'un. Je ne vous parle pas des choses sexuelles, je vous parle de sentiments sans qu'on aille au plumard après. Tendresse et affection, et confiance. Et tout çà. Des mots que j'ai encore un peu de mal à prononcer, vu qu'on ne me les avait jamais dits de plain-pied, avant que Margueritte en parle. Des sentiments très convenables et purs".
Germain a 45 ans, il vit dans une caravane au fond de la cour de la maison maternelle. C'est un brave garçon un peu limité et mal embouché. Il faut dire qu'il n'a pas été aidé. Une mère méchante qui n'a cessé de lui répéter qu'il était un accident du 14 Juillet, un père inconnu, un instituteur qui l'a écrasé et méprisé ... Il survit de petits boulots sans envergure, il va au café où il retrouve les copains, Annette de temps en temps .. il n'en demande pas beaucoup et se satisfait de ce qu'il a, se croyant indigne de mieux.
Jusqu'à ce qu'il rencontre Margueritte, une vieille dame distinguée, sur un banc du jardin public. "Margueritte était là, assise sans rien faire, les yeux dans le vague. Bien en face de la pelouse, au bout de l'allée principale. Elle portait une robe imprimée, avec des fleurs grises et violettes de la couleur de ses cheveux, un gilet gris tout boutonné, et puis des bas et des chaussures sombres."
Aussi petite qu'il est grand, aussi cultivée qu'il est ignare, aussi délicate qu'il est grossier, ils n'en font pas moins connaissance en comptant les pigeons et de fil en aiguille se retrouveront tous les jours. Germain s'attache à elle et elle lui fait découvrir le pouvoir des mots et des livres. Margueritte l'accepte et le respecte comme il est et lui donne envie de s'élever et de goûter à des plaisirs auparavant inaccessibles.
J'ai aimé ce roman plein de fraîcheur, tout en voyant son côté artificiel et un peu trop caricatural par moment. Pourtant, je l'ai parcouru rapidement, en ayant hâte de savoir comment la situation allait évoluer. Cette improbable amitié fait plaisir, on aimerait en voir plus souvent dans la vie. Germain dans sa simplicité utilise des tournures de langage très imagées et savoureuses, qui font passer les côtés un peu plus brutaux, mais il suffit d'aller dans n'importe quel café pour y trouver des Germain décomplexés et fiers d'eux.
Le film : j'ai vu le film avant de lire le roman. Je sais qu'il a été apprécié par de nombreuses blogueuses, je n'en fait hélas pas partie. Je ne suis pas fan du tout de Gérard Depardieu, je trouve qu'il n'est pas le personnage, les aspects trop caricaturaux de l'histoire passent dans le livre grâce au style de l'auteure, ils ne passent pas du tout dans le film. J'avoue que je me suis ennuyée rapidement. Heureusement qu'il y avait la délicieuse Gisèle Casadessus, qui elle par contre est idéale dans le rôle de Margueritte. Mais pourquoi avoir modifié la fin d'une manière tellement conventionnelle ..
Merci à Celsmoon
L'avis de Alex Cathulu Chiffonnette Clara Leiloona Sylire Theoma Yv
Marie-Sabine Roger - La tête en friche - 218 pages
Editions du Rouergue - 2008