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1 janvier 2013

Le dernier Lapon

Le dernier lapon"Nina sentait qu'elle allait entrer dans un monde qu'elle n'avait jamais soupçonné. bien plus encore qu'avec les autres éleveurs de rennes. Elle allait franchir une nouvelle frontière. Le vent la poussait vers l'entrée tandis que résonnaient à ses oreilles les cris d'Aslak sur un Klemet impassible, le coup de fusil, ce hurlement terrifiant dont elle sentait qu'elle allait bientôt en découvrir la source. Aslak se baissa le premier pour entrer. Il disparut dans une semi-obscurité. Puis il souleva une épaisse bâche qui faisait office de porte. Elle s'apprêtait à se courber quand elle tourna son regard vers lui. Il la fixait, les yeux noirs pétillants d'intensité au milieu de ses rides profondes, le visage buriné et à moitié enfoui sous cette barbe drue. Nina ne savait interpréter ce regard qui ne bougeait pas."

Je vais ajouter mes louanges à celles déjà lues ici et là sur les blogs. Je suis tombée instantanément sous le charme de ce polar nordique, écrit par un auteur français. Deux raisons à cela : l'intrigue qui est bien menée et m'a tenue en haleine sans temps mort. Et tout ce que j'ai appris sur la communauté sami et le dépeçage de la Laponie entre Suède, Norvège, Finlande et même Russie, dans le but bien sûr d'exploiter les richesses minières du territoire des éleveurs de rennes.

Le roman est trop touffu pour que j'en évoque toutes les facettes, je vais me limiter aux grandes lignes. L'histoire commence à Kautokeino, Laponie centrale, à la fin de la nuit polaire. Le soleil fait sa réapparition, 40 minutes le premier jour. Klemet travaille à la police des rennes et vient d'être rejoint par Nina, jeune policière du sud de la Suède, ignorant presque tout du grand nord. Un tambour de chaman vient d'être volé au musée local, or sa valeur est hautement symbolique. La plupart des tambours ont été détruits par les pasteurs protestants, très pressés de convertir la population et d'éradiquer leurs croyances ancestrales.

Presque aussitôt, un vieil éleveur au bout du rouleau est assassiné dans son gumpi (tente), les oreilles coupées et marquées comme on le fait pour les rennes, afin d'identifier leur propriétaire. Klemet et Nina vont avoir fort à faire pour découvrir s'il y a un lien entre les deux évènements et quel est sa nature.

L'enquête les mènera jusqu'en France, sur les traces d'une expédition de Paul-Emile Victor, juste avant la seconde guerre mondiale. Ils devront remonter l'histoire et se pencher sur l'exploitation minière de la Laponie et le changement de vie radical qu'il a entraîné chez les samis.

Ce qui fait l'attrait de ce roman, ce sont les personnages, dont deux me resteront particulièrement chers. Nina, la jeune policière qui, dans son ignorance, pose les questions que j'aurai posées moi-même et qui fait preuve de bon sens et de fermeté. Et Aslak, l'éleveur ancienne manière, qui va toujours à ski alors que tous les autres éleveurs utilisent des moto-neiges, Aslak dont la femme à moitié folle, hurle à intervalles réguliers.

Klemet, s'il a une connaissance parfaite du territoire, peut être balourd parfois. Il faut dire qu'il ne sait pas très bien ce qui lui reste de son héritage sami et que ce n'est pas facile pour lui de se situer au sein de la police "officielle". Certains considèrent la police des rennes comme folklorique et enragent de voir les droits des autochtones reconnus. Comme trop souvent, les colonisateurs se considèrent comme supérieurs et propriétaires des territoires qu'ils ont spoliés. Il y a aussi Berit, une vieille femme seule, qui en sait certainement bien plus qu'elle ne le dit ; un géologue français, dangereux prédateur ; l'oncle de Klemet, fin connaisseur des chants lapons, les joïks etc ...

Les descriptions des grands espaces, des courses dans la neige, du froid intense, du vent, sont magnifiques et très visuelles. J'ai adoré tout ce qui a trait aux anciennes coutumes et au chamanisme, le tout exposé sans lyrisme excessif. A souligner, une entrée en matière saisissante, qui mérite d'être relue à la fin du roman. Elle prend tout son relief.

C'est mon premier billet de l'année et un vrai coup de coeur.  

Les avis unanimes de Cathe Dasola Dominique Keisha Yv

Olivier Truc - Le dernier Lapon - 453 pages
Métailié - 2012

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Commentaires
A
Meuh oui, tu vas l'aimer, sinon t'es plus ma copine !! (j'rigole ;-)) Bizarre le commentaire, il en a mis du temps. Sur canalblog quand il y a des doublons, on peut les supprimer. Bonne soirée :-)
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V
je le commence ce soir...sous ma couette ! J'espère que j'aurai le même enthousiasme que toi , faudrait mieux car je suis responsable de son achat par la biblio de Fécamp plage ;)<br /> <br /> Pour info, ton commentaire de ce matin 6h50 ( je ronflais encore comme une marmotte ! Tiens d'ailleurs, est ce que ça ronfle une marmotte ?!)) apparait bien sur mon blog...maintenant y en a 2 ! :)))))))<br /> <br /> @ ++
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V
ça y est, l'est sur ma pal !!! :)))))))
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A
Bonjour et bienvenue brigithez. Les avis sont plus partagés sur "la tristesse du samouraï". Je ne l'ai pas encore lu.
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B
Un très bon polar, qui donne envie d'aller voir de près les aurores boréales! Et comme toi, j'ai eu du mal à enchaîner, et ai changé carrément d'ambiance avec Victor Del Arbol, La tristesse du samouraï.
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