L'homme qui souriait
J'avais laissé Kurt Wallander en très mauvais état à la fin de l'épisode précédent et il me tardait de savoir comment il s'en sortirait. Pas très brillament il faut bien le dire. Il est en arrêt maladie depuis un an, oscille entre alcoolisme et peur de la folie et pense ne jamais se remettre. Il trouve un refuge provisoire dans une pension au Danemark en bord de mer et en arpentant quotidiennement la plage, prend finalement la décision de démissionner de la police.
C'est alors que surgit une ancienne relation, Sten Torstensson, un avocat qui vient lui demander son aide. Son père, Gustav, est mort dans un accident de voiture. Le fils ne croit pas à la version de l'accident et demande à Wallander d'enquêter. Celui-ci refuse et rentre en Suède, toujours décidé à remettre sa démission.
Le jour même où il doit remplir les papiers nécessaires, il découvre en lisant le journal du matin que Sten Trostesson a été abattu dans son bureau. Cet évènement va changer radicalement la décision de Kurt et il va reprendre le travail, pétri de doutes et d'incertitudes, mais retrouvant tous ses réflexes de policier.
Il en aura bien besoin. Il va se heurter cette fois-ci au monde de l'entreprise et des affaires au niveau international. Les prémisses de l'enquête le mène rapidement au château de Farnholm domicile de l'inquiétant Alfred Harderberg, principal client du cabinet des Torstensson, père et fils. Les difficultés sont multiples pour Kurt. Il s'attaque à un monde qu'il ne connaît pas, celui des grands hommes d'affaires, sans morale et sans scrupules, dès qu'il s'agit de gagner plus d'argent. Les sociétés écrans, les déplacements constants, les montages financiers douteux, l'arrogance des puissants, la corruption, tout est là.
Par ailleurs, il doit se refaire une place au sein de l'équipe, où ses attitudes passées et présentes provoquent une légitime appréhension. Il n'est pas devenu plus raisonnable ou plus prudent et continue à n'en faire qu'à sa tête. Une nouvelle venue Ann-Britt Höglund va lui apporter une aide précieuse. Cette jeune femme douée préfigure la police de l'avenir, celle qui travaillera avec les méthodes nouvelles enseignées à l'école de police. Elle peine à se faire accepter dans ce milieu plutôt machiste et ses qualités dérangent et menacent la gent masculine (l'intrigue se déroule en 1993).
Si j'ai trouvé l'enquête en elle-même moins marquante que les deux précédentes, j'ai apprécié globalement ce nouvel opus. L'accent est mis sur les états intérieurs de Kurt, sa relation aux autres, notamment à son père et sa lutte pour sortir de l'état dépressif profond qui est le sien.
A bientôt pour le suivant.
L'avis de Manu
Henning Mankell - L'homme qui souriait - 362 pages
Seuil - 2005