LA COTE 512
"Le jeune flic Célestin Louise, apprécié de ses supérieurs, aurait pu rester à l'arrière où il s'illustrait dans la poursuite des criminels. En novembre 1914 pourtant, le jeune enquêteur à la Brigade criminelle de Paris se retrouve en première ligne à Verdun sous les ordres d'un lieutenant à peine plus âgé que lui. C'est la découverte, sous les bombes, dans les tranchées, de la folie de la guerre avec son rythme macabre d'assauts et de retraites, avec sa barbarie, ses silences improbables, ses rigolades pour tromper la mort. C'est la découverte de l'amitié, de la bravoure et de la peur .. Et puis un jour, au cours d'un assaut, le jeune lieutenant est tué d'une balle dans le dos. Célestin Louise le comprend : cette mort-là n'est pas comme les autres. Un flic reste un flic, même au beau milieu du carnage. L'enquête qui débute par amitié posthume mènera Célestin bien au delà du front." (4e de couverture)
Après mon voyage à Verdun cet été, je cherchais des livres sur les poilus dans les tranchées. Le billet de Cathe m'a donné très envie de lire celui-ci. C'est l'aspect guerre 14-18 qui m'intéressait plus que l'intrigue. Heureusement parce qu'elle n'est pas palpitante et se trouve résolue un peu trop facilement. Par contre, les premiers jours de guerre sont très bien décrits, il me semble que l'auteur a dû s'appuyer sur une solide documentation.
Il est très sympathique ce jeune flic. Au début de l'histoire, nous le voyons à l'affût d'un cambrioleur qu'il piste depuis un moment et qu'il coince habilement .. avant de le relâcher, pressentant que la guerre imminente sera bien assez cruelle à chacun. D'ailleurs, il retrouvera le malfrat dans une position bien pire que la prison.
La mobilisation, les premiers contacts avec ceux qui seront ses compagnons de tranchée, le jeune lieutenant, j'avais presque l'impression d'être dans un reportage, sentiments et émotions en plus. Très vite, les soldats comprennent que la guerre sera longue, féroce et inhumaine et qu'il ne seront pas nombreux à s'en sortir. La boue, la peur, le bruit, l'incurie de la hiérarchie militaire, tout est évoqué et rendu vivant au fur et à mesure que les personnages s'étoffent.
Lorsque le jeune lieutenant se fait tuer "à l'ennemi" d'une balle dans le dos, le côté flic de Célestin reprend le dessus et malgré les multiples obstacles, il va mener à bien son enquête, jusqu'au bout, ce qui permet de s'éloigner du champ de bataille et de saisir l'incompréhension de la population de "l'arrière" bien loin de se rendre compte de ce qui se passe là-bas, à l'est. Et les poilus se taisent, à la fois parce qu'ils n'ont pas les mots pour dire l'horreur quotidienne et pour protéger les leurs, angoissés de les voir repartir.
Les personnages secondaires sont aussi bien campés que Célestin Louise, sa soeur, la famille du lieutenant et une jeune femme rencontrée la veille de son départ et dont le souvenir lui permet de ne pas oublier l'homme, derrière le soldat.
L'ensemble est suffisamment agréable à lire pour que je continue la série, qui comporte je crois cinq volumes, dont trois en poche.
Thierry Bourcy - La cote 512 - Folio policier