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Le goût des livres
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23 octobre 2009

LA COTE 512

AA1"Le jeune flic Célestin Louise, apprécié de ses supérieurs, aurait pu rester à l'arrière où il s'illustrait dans la poursuite des criminels. En novembre 1914 pourtant, le jeune enquêteur à la Brigade criminelle de Paris se retrouve en première ligne à Verdun sous les ordres d'un lieutenant à peine plus âgé que lui. C'est la découverte, sous les bombes, dans les tranchées, de la folie de la guerre avec son rythme macabre d'assauts et de retraites, avec sa barbarie, ses silences improbables, ses rigolades pour tromper la mort. C'est la découverte de l'amitié, de la bravoure et de la peur .. Et puis un jour, au cours d'un assaut, le jeune lieutenant est tué d'une balle dans le dos. Célestin Louise le comprend : cette mort-là n'est pas comme les autres. Un flic reste un flic, même au beau milieu du carnage. L'enquête qui débute par amitié posthume mènera Célestin bien au delà du front." (4e de couverture)

Après mon voyage à Verdun cet été, je cherchais des livres sur les poilus dans les tranchées. Le billet de Cathe m'a donné très envie de lire celui-ci. C'est l'aspect guerre 14-18 qui m'intéressait plus que l'intrigue. Heureusement parce qu'elle n'est pas palpitante et se trouve résolue un peu trop facilement. Par contre, les premiers jours de guerre sont très bien décrits, il me semble que l'auteur a dû s'appuyer sur une solide documentation.

Il est très sympathique ce jeune flic. Au début de l'histoire, nous le voyons à l'affût d'un cambrioleur qu'il piste depuis un moment et qu'il coince habilement .. avant de le relâcher, pressentant que la guerre imminente sera bien assez cruelle à chacun. D'ailleurs, il retrouvera le malfrat dans une position bien pire que la prison.

La mobilisation, les premiers contacts avec ceux qui seront ses compagnons de tranchée, le jeune lieutenant, j'avais presque l'impression d'être dans un reportage, sentiments et émotions en plus. Très vite, les soldats comprennent que la guerre sera longue, féroce et inhumaine et qu'il ne seront pas nombreux à s'en sortir. La boue, la peur, le bruit, l'incurie de la hiérarchie militaire, tout est évoqué et rendu vivant au fur et à mesure que les personnages s'étoffent.

Lorsque le jeune lieutenant se fait tuer "à l'ennemi" d'une balle dans le dos, le côté flic de Célestin reprend le dessus et malgré les multiples obstacles, il va mener à bien son enquête, jusqu'au bout, ce qui permet de s'éloigner du champ de bataille et de saisir l'incompréhension de la population de "l'arrière" bien loin de se rendre compte de ce qui se passe là-bas, à l'est. Et les poilus se taisent, à la fois parce qu'ils n'ont pas les mots pour dire l'horreur quotidienne et pour protéger les leurs, angoissés de les voir repartir.

Les personnages secondaires sont aussi bien campés que Célestin Louise, sa soeur, la famille du lieutenant et une jeune femme rencontrée la veille de son départ et dont le souvenir lui permet de ne pas oublier l'homme, derrière le soldat.

L'ensemble est suffisamment agréable à lire pour que je continue la série, qui comporte je crois cinq volumes, dont trois en poche.

L'avis de Alain Dasola Kathel

Thierry Bourcy - La cote 512 - Folio policier

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Commentaires
R
On l'appelait ironiquement "Verre d'eau".<br /> <br /> Auguste était un vieil ivrogne sans nom.<br /> <br /> Hydraté dès le lever avec la pire des piquettes, la matinée se terminait invariablement dans une noyade de tonnerre et de feu, la grosse gnôle prenant vite le relais des p'tits canons...<br /> <br /> A travers cette voluptueuse agonie de sa conscience le buveur nageait, tour à tour hilare, hébété, larmoyant, dans ce qui semblait être son véritable élément : un univers sinistre d'amnésie tranchante et de gaité frelatée.<br /> <br /> Soixante-cinq ans que cela durait. Une existence entière vouée à l'ivrognerie la plus crasse.<br /> <br /> L'on s'étonnait d'ailleurs que "Verre d'eau" fût encore de ce monde après cette longue vie arrosée des pisses de Bacchus.<br /> <br /> Mais il était solide l'Auguste ! Faut-il qu'il y ait un Dieu pour les assoiffés sans fond... Il est vrai qu'il avait survécu aux tranchées de la "14". A le voir ainsi, lamentable, abreuvé d'indignité, dégueulant son ivresse, qui l'eût cru ?<br /> <br /> Après avoir traversé l'enfer de la Grande Guerre, qu'est-ce qui aurait donc pu l'abattre ? Pour ce passé héroïque on pouvait bien lui pardonner son vice, au vieil Auguste... Son statut de vétéran le maintenait malgré tout en estime dans le coeur de ses concitoyens navrés de le voir chanter ses "gnôleries" du matin au soir.<br /> <br /> Lui, ne parlait jamais des tranchées. Soûl à toutes heures de sa vie, comment aurait-il pu tenir une conversation cohérente sur quelque grave sujet ? Même lors des commémorations annuelles, il recevait l'accolade du maire l'haleine chargée de tous les alcools du diable... Se souvenait-il encore au moins de sa jeunesse dans la boue des combats ?<br /> <br /> "Verre d'eau" finit par mourir dans un dernier hoquet désespéré dédié à la vigne qui, depuis l'âge de vingt-deux ans, l'avait aidé à vivre.<br /> <br /> A oublier surtout.<br /> <br /> Il buvait comme un trou depuis l'âge de vingt deux ans... C'était en 1918, la fin de la guerre. Celui que désormais on allait bientôt surnommer malicieusement "Verre d'eau" venait d'être démobilisé. Vingt-deux ans et déjà toute l'horreur des tranchées dans le regard.<br /> <br /> Pauvre "Verre d'eau" ! Homme pitoyable, misérable, lamentable, mais surtout âme sensible brisée en pleine jeunesse, nul ne saura jamais son secret d'ivrogne.<br /> <br /> On inhuma bien vite le défunt sans famille.<br /> <br /> Nul ne sut que ce sobriquet de "Verre d'eau" sonnait aussi juste chez lui, deux syllabes lourdes comme le son du glas, sombres tel le chant fatal de l'airain...<br /> <br /> "Verre d'eau" : des sons clairs et sereins si proches des sons de l'enfer. Des sons qui, ironie du destin, rappelaient son drame, poignant.<br /> <br /> Car le drame de "Verre d'eau" c'était...<br /> <br /> Verdun.<br /> <br /> Raphaël Zacharie de IZARRA
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A
@ Belle de Nuit : je note les références et je vais guetter ton billet.
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B
si tu cherches des livres sur la guerre de 14-18, tu as celui de Gabriel Chevallier "La peur" qui devrait t'intéresser. Je vais le lire très bientôt d'ailleurs.
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A
@ Yv : moi pareil, je vais essayer de ne pas trop tarder.
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Y
Découvert sur je ne sais plus quel blog et j'ai vraiment bien aimé.Je devrais même continuer la série.
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