22 mars 2021

Humeur noire

"Si elle n'est pas canalisée d'urgence, et d'autorité, la colère indispose, répugne, offusque. Or en elle s'origine toute résistance, insurrection, révolte, révolution, qui contrebattent un ordre des choses insupportable, par excellence l'oppression vécue comme insulte au sujet, individuel et collectif. Sentimental, émotionnel, passionnel, le désir de justice ? alors oui, j'assume que mon sujet s'indigne, s'insurge contre tout ce que l'affichette anonyme du musée d'Aquitaine véhicule de provocateur, d'insidieux mensonge sur les... [Lire la suite]
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07 décembre 2020

Dans les geôles de Sibérie

"Le bon peuple peut donc se scandaliser, on l’y encourage, il peut s’il le souhaite rester indifférent, c’est bien aussi, et si beaucoup distinguent derrière l’affaire la main malpropre du FSB, c’est parfait, cette poigne est effrayante, regardez-la, on vous la montre à la télévision. Redoutez-la en silence. Une foule de simples railleurs est docile, une foule d’indignés est souvent utile. Craintive, elle est idéale". Quelle histoire incroyable que celle de Yoann Barbereau. Lorsqu'on lui propose le poste de Directeur de l'Alliance... [Lire la suite]
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30 novembre 2020

La collection disparue

"La collection de Jules est-elle ma ville de Troie, mon trésor de Priam ? C'est encore le début des fouilles, et je n'ai aucune idée de ce que je cherche, ni de ce que je vais exhumer. Mais j'aime cette chasse au trésor dans le passé de ma famille. Comment ne pas penser à la valeur actuelle des tableaux de la collection Strauss ? Des dizaines et des dizaines de millions sans doute. Je retrace inlassablement et de manière presque obsessionnelle le voyage de chacun des dix tableaux de la liste, du jour où Jules l'a aimé, choisi et... [Lire la suite]
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27 novembre 2020

Un crime sans importance

"Je vais écrire sur Denise. Ecrire pour que la justice se mette à son tour à écrire. Des mots comme "crime", par exemple, au lieu "d'agression" et "meurtre" au lieu de "décès". Même si elle ne met pas la main sur le coupable, elle est seule à pouvoir laver nos vies du sang versé. Si la police a échoué, c'est à elle, la justice, de reprendre le flambeau. A elle d'agir, maintenant, à elle de dire, à elle d'écrire, à elle de remettre de l'ordre dans ce chaos. Il est simple, cet ordre, les humains le connaissent depuis la nuit des... [Lire la suite]
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16 octobre 2020

Des nuages plein la tête

"Je suis un solitaire, hédoniste et nihiliste. Alors je peux être souriant et avenant ou fermé et d'humeur destructrice. Je suis là-haut pour fuir la foule, et un seul randonneur peut s'apparenter à une foule. L'estive est pour moi un désert où je n'ai envie de croiser personne. J'ai envie qu'on me foute la paix. Quand devant ma cabane j'aperçois un petit groupe de gens qui parlent fort et occupent mon espace vital, la tension monte en moi. Je ressens profondément l'incapacité fondamentale de vivre avec les autres, aussi gentils... [Lire la suite]
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08 juillet 2020

Un dimanche matin

"Pierre a tué un dimanche matin avant de cacher le cadavre de sa victime. Par les multiples atteintes portées au corps de sa femme, mère de ses deux enfants, il a contraint le monde à parler d'elle au passé. Trois jours plus tard, le temps d'une mise en scène grossière révélée par l'enquête, l'affaire envahissait nos vies." J'ai commencé ce récit en sachant qu'il ne serait pas facile à lire et il ne l'a pas été, en raison de son sujet. Un féminicide, vu du côté de la famille du meurtrier. Trois jours après le choc de la disparition... [Lire la suite]
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18 septembre 2019

Sur l'eau

"Raymond affirme que nous aurons vent d'est, Bernard tient toujours pour l'ouest et me conseille de changer d'allure et de marcher tribord amures sur le Drammont qui se dresse au loin. Je suis aussitôt son avis et, sous la lente poussée d'une brise agonisante, nous nous rapprochons de l'Esterel. La longue côte tombe dans l'eau bleue qu'elle fait paraître violette. Elle est bizarre, hérissée, jolie, avec des pointes, des golfes innombrables, des rochers capricieux et coquets, mille fantaisies de montagne admirée." Je commence ma... [Lire la suite]
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10 juin 2019

Olga et les siens

"Heureusement, me dirai-je plus tard, elle n'aura pas su alors ce qui était arrivé à Helena. Elle aura eu, j'aurai eu, un peu de répit. Une sorte d'état de grâce, un état d'apesanteur pourrait-on dire, ne pas avoir connaissance de ce qui s'était passé permettait de vivre encore d'espoir. Bien sûr, en ce temps-là, je ne saurai rien de tout cela, j'ignorerai que ma grand-mère ne reviendra pas, que mes autres grands-parents n'existent plus, que cette famille dont ma mère me parlait de temps à autre, dont je connaîtrai les prénoms sans... [Lire la suite]
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21 mars 2019

Dans le faisceau des vivants

"C'est la ville de tous ses romans, même ceux dans lesquels elle n'apparaît pas, c'est la ville qu'il n'a pas besoin de nommer pour qu'elle existe, elle est là, enneigée, protectrice, peuplée de Juifs cultivés et inquiets, c'est la ville bordée par la Pruth, la rivière de son enfance, la rivière de la vie, des promenades avec ses parents, la rivière de la mort, Juifs noyés dans les eaux glacées, c'est la ville des écrivains et des poètes, Paul Celan, Ilana Shmueli, Gregor Von Rezzori, c'est la ville le plus à l'est de l'ex-empire... [Lire la suite]
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26 septembre 2018

Le goût du large

"Chaque fois que j'entends le mot "migrant", je vois le visage de ce jeune homme. Il ferait un excellent capitaine de cargo. Je lui ai promis de raconter les Hazaras chez nous tant que je pouvais. Je m'exécute et le répète ici comme je vais le répéter à l'équipage philippin de mon cargo. Au coeur de l'Afghanistan subiste une zone fragile de paix, la région de Bamiyan, un merveilleux pays peuplé par des gens aux yeux bridés et aux pommettes hautes. On les appelle les Hazaras". Nicolas Delesalle est grand reporter. Il m'est arrivé de... [Lire la suite]
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