Patagonie route 203
"Il frissonna en revoyant le jeune femme de près, au niveau du sol, dans ses vêtements qui moulaient son corps svelte, entourée de poupées en plastique, bouquets de fleurs artificielles, masques de carnaval, ballons de football, statue de la Vierge, vases, porte-photos avec paysages de montagne, bagues, colliers, bracelets fluorescents qui faisaient d'elle une déesse orientale vénérée sur son autel. Il y avait un contraste entre le visage pâle et son abondante chevelure ébène, comme deux forces se disputant le regard intense de ses yeux noirs, un conflit dans cette physionomie mêlant des traces autochtones à des traits venus de l'au-delà de l'océan".
Patagonie, un mot qui me fait rêver grand voyage dans des paysages extrêmes et conditions climatiques rudes. C'est une vision moins lisse qui nous est offerte ici avec Parker, un homme qui a fui la grande ville où il a laissé des problèmes insolubles.
Depuis, il sillonne la steppe à bord d'un camion, de Buenos-Aires à la Terre de Feu. Il transporte des marchandises douteuses pour le compte d'un patron tout aussi douteux. Il emprunte des routes secondaires pour éviter les contrôles policiers. Il est bien tout seul, un vieux saxophone l'accompagne et un système ingénieux lui procure un campement confortable tous les soirs.
La monotonie de la route est ponctuée par des rencontres épisodiques avec un curieux journaliste, à la recherche d'un sous-marin allemand de la seconde guerre mondiale qui aurait débarqué des nazis à la fin de la guerre. Parker limite les contacts humains, ne s'arrête jamais longtemps au même endroit. Jusqu'au jour où une panne le contraint à rester sur place. Le désoeuvrement le pousse vers une fête foraine. Là, il rencontre une femme superbe, Mayten. C'est l'épouse d'un forain violent, excédé de végéter dans des trous paumés, loin de ses rêves de fortune.
Dès lors, Parker va être obsédé par Mayten, à qui il n'est pas indifférent et au lieu de s'occuper de sa cargaison, il va s'acharner à retrouver la fête foraine partout où elle s'installe. Son rêve est d'emmener Mayten avec lui, loin de cette vie misérable. Mais la vie qu'il mène est-elle plus enviable pour elle ?
Ce roman a quelque chose d'hypnotique dans ses longues descriptions des paysages, des caprices du temps, des lieux aux noms improbables et des habitants plus déjantés et loufoques les uns que les autres. La rencontre entre Parker et Mayten fait des étincelles tant leurs deux personnalités sont éloignées, mais leur errance sans but finit par tourner en rond.
Je me suis sentie tourner en rond moi aussi. Sous une apparence assez onirique, j'ai ressenti une certaine tristesse dans cette histoire et un enfermement qui ont fini par me plomber. C'est une lecture assez prenante par certains aspects, mais au final, je ne sais pas très bien où l'auteur voulait en venir. En bref, je suis passée à côté.
Eduardo Fernando Varela - Patagonie route 203 - 368 pages
Traduit de l'espagnol (Argentine) par François Gaudry
Editions Metailié - 2020