le berger de l'Avent
"Comme née de toute cette blancheur, sur laquelle se dessinaient les cercles noirs des cratères, et des piliers de lave grise comme des fantômes ça et là, une bénédiction semblait baigner ce dimanche dans les montagnes, étreignant presque le coeur ; un grand calme solennel, aussi blanc que l'innocence, s'élevait des petites fermes éparpillées au loin, en contrebas, dont le feu des cheminées s''évanouissait dans une poussière de neige - une paix inconcevable, pleine d'une promesse insoupçonnée - l'Avent, l'Avent !"
Chaque année depuis vingt-sept ans, Benedikt le berger se met en route vers la montagne avant Noël, pour récupérer les moutons égarés. Il est accompagné de Léo, le chien et Roc, le bélier, ils forment une trinité. Sur cette terre d'Islande où le climat est implacable, il faut se dépêcher avant que l'hiver ne s'installe complètement.
L'histoire est courte et simple, Benedikt connaît le périple comme sa poche, mais cette année est particulière, les obstacles inattendus se multiplient et un violent blizzard vient contrarier le bon déroulement de l'opération.
C'est un bandeau sur le livre qui a retenu mon attention. L'écrivain Jón Kalman Stefánsson le qualifie de joyau et ce n'est pas exagéré. Il fait d'ailleurs une postface qui situe l'auteur et son oeuvre en Islande. L'écriture est magnifique et la narration nous fait sentir toute la beauté et la dangerosité de l'expédition de Benedikt.
Le parcours est ponctué d'arrêts dont certains où il est attendu et accueilli en habitué. Mais la plupart du temps il est dans la solitude et la réflexion, instants qu'il aime tout particulièrement partager avec son chien et son bélier.
"Les allumettes étaient humides, impossible d'allumer ni chandelle ni réchaud. Mais il savait attendre ... Il les glissa sous ses vêtements, contre sa peau, s'assit, et s'endormit. A son réveil, la chandelle brilla et l'eau fut mise à bouillir. Celui qui n'a jamais bu de café dans un trou, sous la terre, au milieu de montagnes désolées, quand le blizzard hurle et qu'au-dehors il fait trente degrés en dessous de zéro, celui-là ne connaît pas le goût du café ..."
Un indispensable.
L'avis d'Hélène
Gunnar Gunnarsson - Le berger de l'Avent - 96 pages
Traduit de l'islandais par Gérald Lemarquis et María S. Gunnarsdóttir
Postface de Jón Kalman Stefánsson traduite par Eric Boury
Zulma poche - 2019