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Le goût des livres
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26 décembre 2018

L'île

CVT_Lile_9100

"Ceux qui vivaient autrefois ici, mes ancêtres, ne se pâmeraient sans doute pas d'admiration devant le fermier que je suis devenu. Ils n'ont pas passé leur temps allongés à griffonner dans des cahiers à la lumière du jour. Ici, on tricotait, on foulait la laine pour la rendre étanche, on reprisait et on filait jusqu'à avoir les doigts en sang tant qu'on y voyait clair. Il m'arrive de fermer les yeux et d'imaginer que l'étage redevient l'ancien baôstofa, la pièce commune, j'y vois le maître de maison et son épouse, les ouvriers, les enfants et les indigents placés chez eux par les autorités locales, chacun couché sur son lit le long du mur".

Le roman s'ouvre avec Hjalti, vivant seul dans un fjord isolé, loin de tout. Il survit comme il peut, s'occupant de quelques moutons, partageant leur espace dans une petite maison où il n'allume pas de feu malgré le froid, pour ne pas attirer l'attention sur lui. Pourquoi tant de précautions ?

Hjalti revient sur les évènements qui l'ont amené là, les chapitres alternent entre présent et passé pas si lointain. Hjalti était journaliste et vivait avec Maria et ses deux enfants, nés d'une précédente union, Elias et Margrét. Maria a décidé de rompre, reprochant à Hjalti de ne pas accepter ses enfants.

C'est à ce moment-là que l'Islande est brutalement coupée du reste du monde. Sans explications, les communications ne sont plus possibles avec l'extérieur, plus de téléphone, plus d'internet, plus de transports. Les bateaux et avions envoyés aux nouvelles ne reviennent pas. Le Président de la République et le Premier Ministre qui se trouvaient à l'étranger sont remplacés dans l'urgence par la Ministre de l'Intérieur, Elin. Un certain nombre de touristes sont bloqués dans le pays.

Au début, l'Islande fait face au mieux, il y a des vivres, les habitants sont incités à retourner à un mode de vie simple, près de la terre. Il va falloir retrouver les méthodes ancestrales qui ont permis à l'Islande de survivre à de multiples épreuves au fil du temps. Une partie de la population s'y met avec enthousiasme, fondant des communautés rurales censées devenir autonomes.

Puis peu à peu, les ressources s'épuisent, l'Islande n'est pas auto-suffisante dans trop de domaines. Les médicaments se raréfient, les pilleurs apparaissent, le pouvoir en place instaure peu à peu un régime autoritaire. Hjarti est mis à contribution en tant que journaliste, c'est lui qui est chargé de présenter les mesures du gouvernement sous un jour positif. Assez naïf, il joue le jeu, jusqu'au moment où il réalise à quel point il s'est fait manipuler.

J'ai lu un certain nombre de dystopies et j'ai trouvé que celle-ci manquait d'originalité. On y retrouve des ingrédients rencontrés un peu partout : une poignée de politiques sans scrupules qui prend le pouvoir et s'octroie tous les privilèges, l'inévitable gourou qui entraîne dans son sillage des populations aux abois, les étrangers qui servent rapidement de boucs émissaires. La société se délite rapidement et nul ne sait comment il survivra demain. La peur, le froid, la faim tenaillent les habitants, prêts à tout pour un peu de nourriture.

J'attendais un peu plus de créativité dans la vision du futur et la relation entre Maria et Hjarti ne m'a guère passionnée. Par contre l'Islande est un décor idéal pour un récit apocalyptique, avec son hiver interminable, ses périodes sans soleil et sa nature pleine de risques.

C'est tout de même un roman intéressant, qui montre à quel point toutes nos techniques modernes sont fragiles et nous laissent dans un désarroi total lorsqu'elles disparaissent. Ressurgit alors l'humain primaire, pas forcément sympathique.

Décembre nordique

Sigrídur Hagalín Björnsdóttir - L'île - 271 pages
Traduit de l'Islandais par Eric Boury
Gaïa - 2018

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Commentaires
C
Tes restrictions sont importantes surtout si comme toi on a lu un bon nombre d'histoires semblables; mais il est vrai qu'il y a le pays, et c'est un réel atout !
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A
L'humain primaire... je préfère l'éviter ! Nous savons tous hélas, où il nous conduit !
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B
C'est ce qui est intéressant dans ce genre d'ouvrages, finalement : faire comprendre combien nos sociétés sont fragiles et qu'il suffit de peu pour que nous retournions quasiment à l'époque des cavernes. J'ai lu Dans la forêt et depuis, les autres romans de ce type me paraissent fades.<br /> <br /> Bon bout d'an.
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Z
Même avec en toile de fond l'Islande, je ne me sens pas de lire ce livre, je passe mon tour
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U
Le thème ne me tente pas du tout même si j'aime bien lire des histoires qui se passent en Islande. Tu avais décidé de faire de ce pays ta thématique pour les dernières lectures ?
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