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Le goût des livres
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28 novembre 2018

L'habitude des bêtes

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"J'ai pris par chez Mina, mais j'ai laissé Dan au chalet. Il passait son temps couché. Visiblement, ça n'allait pas fort. L'assistante d'Odette m'avait dit que je n'aurais pas de nouvelles avant une semaine. La veille, avant de me coucher, j'avais commencé des recherches sur Internet à propos des lymphomes canins. J'ai arrêté très vite. Je ne supportais pas les images et j'avais du mal à lire tellement je tremblais. J'ai fermé ma tablette, attrapé mes écouteurs et je me suis endormi sur la voix de Kiri Te Kanawa. Ça m'arrivait souvent. Le matin, je trouvais les écouteurs dans mon lit. Je ne me rappelais jamais les avoir enlevés. La musique m'est venue tard. Peut-être en même temps que la bonté".

Benoît, le narrateur, vit seul avec son chien Dan, au bord d'un lac dans la région de Saguenay. Dans une autre vie il était dentiste, gagnait de l'argent et n'aimait rien tant que prendre son hydravion pour aller chasser. Quand un vieil indien lui a donné Dan, il a pris conscience de la vacuité de sa vie, a vendu son cabinet, son appartement et est venu s'installer au chalet.

Son ex-femme et sa fille, Carole, ont fait les frais de son égoisme, il sait qu'il les a négligées et n'a pas été un père et un mari à la hauteur. Il ne peut pas revenir en arrière, il doit vivre avec cette réalité-là.

"J'avais été heureux, comblé et odieux. Je le savais. En vieillissant, je m'en suis rendu compte, mais il était trop tard."

Pour mon plus grand plaisir de lectrice, encore un roman québécois où c'est l'atmosphère et les sentiments qui comptent plus que l'action. Benoît vit tranquillement au bord du lac ; il rend visite régulièrement à sa voisine Mina, ancienne cantinière pourvoyeuse de bons conseils. Il y a Rémi aussi, qui rend service pour tout et Odette, la vétérinaire.

L'annonce de la maladie de Dan va bouleverser la routine de Benoît. Il n'y a plus rien à faire, il va mourir. Cette annonce survient en même temps qu'une nouvelle crise de Carole, sa fille, dont on comprend qu'elle a de gros problèmes psychologiques.

Par ailleurs, le village est également sens dessus-dessous avec l'apparition d'un loup. Là-bas aussi il y a les antis et les pros. Une bande de chasseurs se prépare déjà, au grand dam du neveu de Rémi, jeune garde-chasse qui n'entend pas laisser faire. La situation se tend, dans le coin on n'appelle pas la police, on fait justice soi-même, certains villageois en gardent les traces.

Sur cette ambiance survoltée, Benoît va devoir accompagner son chien et se questionner sur la vie, la maladie, la mort. Il se sent vieillir et la mort annoncée de Dan l'oblige à envisager la sienne.

Rien d'extraordinaire dans ce roman, mais un charme subtil agit. On sent l'importance de la nature autour. L'écriture est fluide, les personnages attachants. Benoît devrait nous paraître antipathique, or, il ne l'est pas, en tout cas pas l'homme qu'il est devenu. Il s'efforce d'accepter les choix de sa fille adulte et sa présence auprès de son chien mourant est touchante. La lucidité sur lui-même et ce qu'il a fait dans la passé inspire le respect.

Première lecture de Lise Tremblay, mais certainement pas la dernière

L'avis de Alex Ariane Yueyin Karine

Québec en novembre

Lise Tremblay - L'habitude des bêtes - 125 pages
Editions Delcourt - 2018

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Commentaires
E
Pas du tout tentée, il a l'air d'avoir de nombreuses qualités, mais je ne me sens pas du tout lire un homme accompagnant les derniers jours de son chien, moi qui en a deux et qui depuis le premier jour appréhende la fin.
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M
Pas tentée pour cette fois mais merci pour cette présentation.
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I
J'ai bien apprécié ton enthousiasme sans exagération, un enthousiasme qui nous montre les forces et donc ses raisons
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A
J'ai le même problème que toi, et tout ce que j'avais demandé à la bibliothèque est en train d'arriver ... c'est l'embouteillage.
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A
Trop triste pour moi en ce moment et pas seulement pour la mort imminente du chien!
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