L'écart
"Je suis de moins en moins saisie par l'envie dévorante de boire, mais elle continue de m'envahir par moments. Un matin, tandis que je roule vers Kirkwall aux premières heures du jour sous un ciel magnifique, seule sur la route, en écoutant de la trance euphorique, j'ai l'impression d'être la reine des Orcades. Puis, brusquement, je me damnerais pour une bouteille de vin. Par chance, il n'y a aucune boutique ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre à Mainland".
S'il est mentionné roman sur ce titre de la rentrée, il s'agit en réalité davantage d'un témoignage, voire d'un document sur les Orcades dans la dernière partie.
La narratrice est une jeune femme née dans les îles Orcades, archipel au Nord de l'Ecosse, battu par les vents, sans un arbre, où les hivers sont longs. Ses parents sont venus s'installer dans une ferme avec l'espoir d'y vivre au plus près de la nature. Son enfance est rythmée par les internements du père, atteint de bi-polarité et la religiosité de sa mère, adepte d'une église évangélique.
Adolescente, elle ne rêve que de partir pour Londres, persuadée qu'une vie beaucoup plus riche et intéressante l'y attend. Dès cette époque, elle boit trop, ce qui lui a valu déjà quelques fâcheuses péripéties.
Quand elle parvient à partir pour étudier, elle se laisse immédiatement griser par la vie londonienne. Les copains, les soirées, l'alcool, la drogue. Elle glisse peu à peu dans les excès en tout genre sans pouvoir s'arrêter. Ce qui était un plaisir au départ devient vite un fardeau et une addiction incontrôlable. Au petit matin, dans les vagues souvenirs qui surnagent, elle a honte de ce qu'elle a pu faire la nuit.
Elle perd tout, ses amis, ses amours, ses petits boulots, plus personne ne veut la voir. Physiquement, elle commence à avoir des troubles inquiétants. Elle est acculée à entrer en cure de désintoxication avec les Alcooliques Anonymes.
Commence une deuxième partie avec le récit de la cure et le retour aux Orcades où elle pense être plus à l'abri des tentations.
Cette auto-fiction a pour elle une écriture magnifique. Il y a des descriptions des Orcades absolument splendides, avec des détails sur la faune, la flore, le climat etc .. etc .. La dépendance à l'alcool, le combat intérieur incessant qu'elle génère est certainement au plus près de la réalité aussi.
Mais j'ai été déroutée par le changement de tonalité du récit et je suis restée assez extérieure aux tourments de la narratrice. Il y a beaucoup de répétitions et malgré la beauté sauvage de la vie sur les îles, j'ai fini par me lasser des descriptions détaillées.
Me restera en tête je pense le côté lancinant de l'envie de boire, même si la narratrice se refait peu à peu une vie plus saine, où elle découvre des sensations inconnues, presque aussi fortes qu'avec l'alcool.
Ne vous arrêtez pas à mon seul avis, la plupart des billets ci-dessous sont enthousiastes.
L'avis de Cathulu Jostein Kathel Keisha Kroll Leiloona Sylire
Merci aux Matchs Littéraires de Rakuten
Amy Liptrot - L'écart -336 pages
Traduit par Karine Reignier-Guerre
Editions Globe - 2018