Nátt
"La journée s'annonçait ensoleillée, comme si le temps avait décidé que le meurtre brutal d'un habitant de la ville n'était pas une raison suffisante pour lâcher quelques nuages gris dans un ciel d'un bleu parfait, qu'une légère brise ne parvenait pas à troubler. Au sud, les nuées volcaniques empoisonnaient lentement Reykjavik, l'air souillé porté par le vent d'est ternissant le ciel de la capitale. Mais les cendres n'avaient pas atteint Siglufjördur."
"Nátt" est le troisième livre traduit en France de Ragnar Jónasson ; je précise que je n'ai pas lu les précédents et que je n'ai pas été gênée, celui-ci se lit très bien indépendamment des autres.
C'est l'été à Siglufjördur, au Nord de l'Islande, ce qui veut dire que le soleil ne se couche pratiquement plus. L'air y est plus respirable qu'à Reykjavik où les cendres de l'éruption du volcan Eyjafjöll pollue l'atmosphère.
Au poste de police de Siglufjördur ce n'est pas la joie. L'inspecteur Ari Thór, son supérieur Tómas, son collègue Hlynur, tous trois broient du noir pour des raisons différentes, liées à leur vie privée. C'est dans ce contexte que l'on trouve le cadavre d'un homme, tué à l'aide d'une planche où dépassait un clou qui a fait des ravages.
L'enquête démarre avec peu d'éléments et parallèlement, une jeune journaliste, Ísrun, se lance elle aussi sur la piste du meurtrier. Elle a besoin de faire ses preuves et utilise toutes les ficelles possibles pour avancer et damer le pion à son supérieur hiérarchique.
Qu'ai-je pensé de ce jeune auteur Islandais, présenté par les medias comme le successeur d'Indridason ? L'enquête est bien menée et addictive. Le climat déjà rude de l'Islande est rendu encore plus difficile ici avec l'inquiétude liée à l'activité volcanique récente. Ari Thór, personnage récurrent, se débat dans ses histoires d'amour et de ruptures. Il donnerait cher pour renouer avec Kristin, qui va se retrouver sur sa route pendant l'enquête.
La jeune journaliste traîne elle aussi un passé douloureux qui l'entrave dans sa vie professionnelle. L'enquête l'aidera peut-être à trouver une porte de sortie. Les personnages sont plutôt bien vus, si j'avais un reproche à faire, ce serait peut-être une surcharge côté problèmes personnels en tout genre ; personne n'est épargné.
L'enquête n'est pas négligée pour autant et met à jour des trafics où trempent des individus peu scrupuleux, comme il peut en exister partout hélas.
Une bonne découverte et le premier tome, "Snjór", m'attend déjà.
Je suis intriguée par la traduction, faite à partir de la version anglaise. Je me demande pourquoi les livres ne sont pas traduits directement de l'islandais.
Merci à Masse Critique de Babelio
Ragnar Jónasson - Nátt - 341 pages
Traduit de la version anglaise, d'après l'islandais, par Philippe Reilly
Editions de la Martinière