CVT_Bondree_984"Ces filles l'avaient cherché, voilà ce que la plupart des gens ne pouvaient s'empêcher de penser, et ces pensées soulevaient en eux une espèce de repentir gluant qui leur donnait envie de se battre à coups de poing, de se gifler jusqu'au sang, car ces filles étaient mortes, bon dieu, dead, fort Christ's sake, et personne, pas plus elles que les autres, ne méritait la fin qu'on leur avait réservée".

Une forêt, un lac, des chalets de vacances, deux filles un peu trop libres, un tueur : voilà tous les ingrédients qui font de ce roman un excellent polar. Ajoutez-y la savoureuse langue québécoise pour pimenter le tout et vous comprendrez pourquoi je l'ai dévoré.

Reprenons un peu l'histoire. Bondrée est un lieu de villégiature où se retrouvent chaque été des familles québécoises et américaines. Zara Mulligan et Sissy Morgan sont deux adolescentes inséparables qui font les folles, boivent plus que de raison et sont regardées avec une certaine envie par les plus jeunes.

Le lieu garde en mémoire l'histoire d'un trappeur solitaire, Landry qui posait des pièges dans la forêt et a fini par se pendre. Lorsque l'on retrouve Zara morte, la jambe prise dans un piège, le fantôme de Landry est aussitôt convoqué et la petite communauté s'affole.

L'inspecteur Stan Michaud et son adjoint, après une courte enquête, ne peuvent que conclure à un accident, faute d'éléments concrets. Mais l'inspecteur est suffisamment aguerri pour ne pas être tranquille et redouter une suite .. qui surviendra lorsque Sissy Morgan est retrouvée à son tour dans la forêt, la jambe prise dans un piège similaire. Le doute n'est plus permis, un tueur est parmi eux.

J'ai à peu près tout aimé dans ce polar, l'ambiance, les évènements qui s'enchaînent, la personnalité de l'inspecteur Michaud, en fin de carrière, usé par des affaires "boomerang" qu'il n'arrive pas oublier et les filles bien sûr. L'histoire est racontée en partie par Andrée Duchamp, petite ado qui voit les adultes autour d'elle changer, se comporter bizarrement et qui aimerait bien y mêler son grain de sel.

Un seul bémol, les phrases en anglais non traduites, c'est très agaçant. L'éditeur doit partir de l'a-priori que 100 % de la population française parle anglais couramment. Désolée, ce n'est pas le cas.

Pas de quoi cependant vous priver d'un roman aussi réussi.

L'avis de Cathulu Le Papou

Andrée A. Michaud - Bondrée - 368 pages
Editions Rivages - 2016