Femme nue jouant Chopin
"Agnès DeWitt était trop jeune pour comprendre le don précieux qu'elle partageait avec Berndt. Elle possédait avec tant de facilité un amour que la plupart des humains ne rencontrent jamais, et pour lequel ceux qui en connaissent l'existence sont tout prêts à mourir ou à devenir fous. Or elle n'avait rien fait de plus que d'arriver jusque dans la grange d'un brave homme qui avait un talent singulier pour la tendresse quotidienne autant que pour les tonalités les plus profondes de l'amour humain".
Seize nouvelles composent ce recueil, nouvelles qui s'étalent sur plusieurs années et ont été publiées dans différentes revues. Certaines ont été développées ensuite dans un roman.
On retrouve ici l'univers de l'auteure, celui des Améridiens dépossédés de leurs terres et de leur culture, mais dont les vieilles traditions surgissent encore aux moments les plus inattendus. L'amour est très présent dans ces nouvelles, l'amour de la nature et celui des humains, souvent teinté de cruauté et d'une nuance de fantastique où les animaux ont une place de choix.
Si quelques nouvelles m'ont paru plus faibles au milieu du recueil, j'ai lu les dernières dans une tension soutenue. Que ce soit la dramatique disparition d'une petite fille (Le châle), la maladie et l'amitié indéfectible entre deux femmes (La femme du boucher), la recherche d'une mère biologique (La future maison du Dieu vivant), le découverte d'un tambour de valeur (Le tambour peint), l'auteure excelle à rendre une ambiance aux limites de l'étrange, tout en restant bien ancrée dans la réalité.
Un recueil que j'ai aimé et que je recommande si vous appréciez l'univers de l'auteure. Pour la découvrir, mieux vaut commencer par un roman.
En partenariat avec le Livre de Poche
Louise Erdrich - Femme nue jouant Chopin - 377 pages
Traduit de l'américain par Isabelle Reinharez
Le Livre de Poche - 2017