Biographie de la faim
"Etait-ce parce que j'avais treize ans et demi, l'âge où les besoins alimentaires sont les plus démentiels ? La faim fut lente à mourir au creux de mon ventre. Son agonie dura deux mois qui me parurent un long supplice. La mémoire fut autrement facile à mettre au pas.
Après deux mois de douleur, le miracle eut enfin lieu : la faim disparut, laissant place à une joie torrentielle. J'avais tué mon corps. Je le vécus comme une victoire époustouflante".
De la célébrissime Amélie, je ne lis que les écrits autobiographiques. Celui-ci couvre toute son enfance, au gré des affectations de son père, consul belge. D'abord le Japon, ensuite la Chine, New-York, le Bangladesh. Au coeur de son récit, la faim, la biologique d'abord et ensuite toutes les autres, soif inextinguible d'amour, de culture, de beauté ..
C'est également l'occasion de dresser le portrait de son entourage, ses parents, sa précieuse soeur Juliette, son frère, sa nourrice japonaise tant aimée et aussi de raconter les pays où elle séjourne, avec ses yeux de gamine confrontée à des différences vertigineuses. Elle le fait avec humour et intelligence, n'hésitant pas à se moquer d'elle-même chaque fois qu'elle le peut.
Comme souvent dans ses récits, je suis sidérée de la liberté qu'elle avait et de qu'elle a pu faire comme expériences limites sans trop de freins. L'excès d'alcool par exemple. Mais ce qui m'a particulièrement touchée c'est sa lutte avec la nourriture, la boulimie, l'anorexie, l'exaltation qui la saisit souvent à tout propos. Elle a soif d'absolu et elle pousse le bouchon très loin.
Je l'aime bien Amélie et je continuerai à la lire et à l'écouter avec plaisir quand elle parle d'elle.
L'avis de Manika
Amélie Nothomb - Biographie de la faim - 190 pages
Le Livre de Poche - 2006