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Le goût des livres
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26 janvier 2015

Aucun homme ni dieu

cvt_Aucun-homme-ni-dieu_5061"Tandis que le sommeil le gagnait à présent, il crut entendre les murmures de Medora Slone dans la pièce du fond, des incantations de sorcière, des chansons fredonnées entre deux sanglots. Il savait ce que c'était d'être hanté. Les morts ne hantent pas les vivants. Les vivants se hantent tout seuls".

Dans le village de Keelut, aux confins de l'Alaska, au coeur d'un hiver plus froid que les autres, les loups sont descendus des collines et ont emporté trois enfants. Medora Slone, la mère de la troisième victime, un petit garçon, fait appel à Russell Core, un écrivain qui a vécu une année à observer les loups. Elle veut retrouver les restes du corps pour son mari, parti faire la guerre dans un pays écrasé de chaleur.

Core répond à son appel, rien ne le retient chez lui où sa femme paralysée et muette ne quittera plus le lit. Il se sent vieux, n'a qu'une fille qui vit loin de lui et veut aider Medora, sans trop d'illusions sur ses réelles capacités à le faire.

Core arrive à Keelut, passe la nuit dans la cabane de Medora et part le jour suivant à la recherche de la meute. A son retour, Medora a disparu et il fait une découverte qui bouleverse tout ce qu'il avait pu penser jusqu'à cet instant.

Il est essentiel de ne pas en dire davantage, tant ce roman nous emmène là où on ne pensait pas aller et ce, à plusieurs reprises. Je commence par dire que c'est un coup de coeur pour moi et j'en suis la première surprise, tant les personnages sont âpres et brutaux pour beaucoup d'entre eux, mais il est indéniable que le climat général est captivant, entrechoquant un monde sauvage et poétique à la fois, générant ses propres lois.

L'histoire se déroule de nos jours, puisqu'il y a voitures et portables, mais Keelut situé au bout du monde, isolé de tout, donne l'impression d'être un village venu du fond des âges et d'y être resté. Deux récits se croisent au début, la traque de Core et la guerre de Vernon Slone, le mari, machine à tuer quelque part dans un pays sans doute du Moyen-Orient. Ils finiront par se rejoindre lorsque Vernon rentre à Keelut et apprend la nouvelle de la mort de son fils.

Il y a un souffle puissant dans ce roman, une intensité dramatique constante, on a la certitude que l'on va vers un drame, le monde des animaux et des hommes est encore étroitement uni, des influences s'exercent, des savoirs ancestraux sont à l'oeuvre.

Trois hommes sont à la recherche de Medora Slone. Core, Mariam le flic et Vernon le mari. Je ne peux évidemment rien révéler de l'évolution de l'histoire, ce que je peux dire c'est que les derniers chapitres sont éblouissants. Malgré les indices semés au cours du livre, je n'ai pas vu venir le dénouement, dans un paysage de froid, de neige, de glace où la vie humaine ne pèse pas lourd.

C'est un roman dur et sauvage qui bouscule, mais ce que j'en retiens c'est surtout l'étrange beauté et la force.

L'avis de Clara Sandrine

William Giraldi - Aucun homme ni dieu - 309 pages
Traduit de l'américain par Mathilde Bach
Editions Autrement - 2015 

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Commentaires
E
C'est un sujet particulier qui a l'air bien dur en effet. Je le note pour une prochaine visite en librairie :)
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V
c'est le prochain billet à écrire sur mon blog... et je te remercie encore de me l'avoir conseillé ;-)
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L
Il fait partie de ceux qui me tentent le plus dans cette rentrée de janvier, il a tout pour me plaire ; l'Alaska, le froid, le nature wrinting.. Bref il sera sans doute mon prochain choix ;0)
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C
Vous en faites un bon résumé qui m'attire : une sorte de thriller intemporel bien ravageur.<br /> <br /> Bon week-end Aifelle.
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S
wahou dis donc, ça c'est du billet hyper tentateur !!!! Je suppose que les loups ont un rôle allégorique qui renvoient à "l'homme est un loup pour l'homme" non ?. Bon je le note, bien que je craigne une dimension très sombre dans ce livre hein. Parce que mixer les disparitions d'enfants, la guerre (même loin), et la très grande solitude c'est quand même pas joyeux joyeux (mais bon on sait bien que c'est rarement joyeux les grands livres). Noté Aifelle.
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