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Le goût des livres
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31 octobre 2014

Tout s'est bien passé

Emmanuelle Bernheim"Je veux que tu m'aides à en finir".

Une phrase et tout est dit de ce récit. Un père qui s'adresse à sa fille. Le séisme que va représenter cette demande pour l'entourage et principalement la narratrice, Emmanuèle et sa soeur.

Un sujet plus que délicat dans un pays qui refuse toujours de regarder ce problème-là en face. Et un problème qui nous concerne tous.

Mais ce livre n'est pas un plaidoyer, ni dans un sens, ni dans l'autre, c'est simplement une histoire personnelle, relatée avec pudeur et sans fard. Il faut dire que la personnalité du père, André Bernheim, n'est pas banale. Grand collectionneur, il a toujours mené sa vie à sa guise, égoistement, sans se soucier le moins du monde de son entourage. Marié, deux filles, il n'empêche que ses conquêtes sont surtout masculines. Séducteur, manipulateur, fantasque, il l'est aussi avec ses filles, mais également cassant, dévalorisateur et pourtant il a dû être aimant ce père, puisque les deux soeurs fondent de tendresse pour lui.

Emmanuèle cherche d'abord à gagner du temps devant la demande de son père ; vient le moment où elle ne peut plus se dérober et commence alors un parcours semé d'embûches. Il faut trouver une solution à l'étranger, en Suisse, en se couvrant suffisamment pour ne pas être poursuivie pénalement en France. L'auteure a parfaitement rendu les hauts et les bas de ce genre de situation, les revirements du père, ses provocations, ses maladresses qui mettent les deux soeurs sur le gril, entre exaspération et fou-rire.

L'auteure ne cache pas ses états d'âme, ses craquages, son ras-le-bol, j'ai aimé que jamais elle ne juge, elle respecte la décision de son père, même si elle voudrait parfois le voir changer d'avis et tout envoyer promener. Les évocations du passé laissent entrevoir les difficultés qu'elle a connues avec ce père qui n'hésitait pas à se moquer de son apparence "tu es énorme" et la faisait sauter d'un train en marche. 

Des phrases courtes, un rythme soutenu, c'est un livre que j'ai dévoré en peu de temps, oui c'est possible sur un sujet pareil, parce que tout m'a touchée. Le dilemne posé aux filles par le père, la relation tendre et soudée des deux soeurs, les difficultés liées au fonctionnement de la médecine, les réactions des uns et des autres. L'attitude du père également, qui ne manque pas de courage. 88 ans, une belle vie derrière lui, il ne veut pas connaître la déchéance physique inéluctable qui l'attend et une existence qui n'en sera plus une pour lui.

Je garde un beau souvenir d'une rencontre-lecture avec Emmanuèle Bernheim, dans le cadre de Terres de Paroles. Elle a développé certains points du livre avec la même simplicité et la même sincérité.

L'avis de Clara Manika Valérie

Merci Philisine

Grand Prix des Lectrices ELLE 2014, catégorie document.

Challenge Asphodèle

Emmanuelle Bernheim - Tout s'est bien passé - 215 pages
Le Livre de Poche - 2014

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Commentaires
D
Pauvres et riches ne sont pas à égalité, plus encore devant la mort, c'est mon ressenti après cette lecture.<br /> <br /> C'est un récit très "bo-bo".<br /> <br /> danielle
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M
J'aime beaucoup ton billet. En revanche, E. Bernheim, depuis ma lecture de "Vendredi soir"... beaucoup moins... :-((
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V
sujet délicat oui... et pas pour moi, pour l'instant !
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C
Un sujet, en effet, qui nous touche tous! J'enrage de voir la tiédeur de nos politiques voire leur manque de courage là-dessus et de penser que nous sommes prisonniers des croyances religieuses des autres.
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A
Catégorie documents ? Ce n'est donc pas vraiment un roman.
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