1507-1

"Tant de sévérité dans ces pages et ici tant de douceur. Chaque époque édictait ses codes et ses rites, ses lois et ses transgressions. Ici, en cette autre journée d'été, plus de trois siècles et demi plus tard, je faisais l'expérience d'une sorte de nirvana. Nirvana : extinction d'une flamme, d'une fièvre, apaisement, détachement, libération. Adieu angoisses, colère, regrets. Les mouvements du ponton de bois sur lequel je m'étais allongée suivaient le clapotis de l'eau le long de la berge, comme les oscillations de mon aiguille intérieure".

Ce roman est l'histoire d'une traversée, au sens propre déjà avec le départ de la narratrice pour Boston et surtout une traversée intérieure, au bout d'elle-même après une épreuve ravageuse.

L'appartement de Pauline a brûlé, lui laissant des traces indélébiles sur le corps et dans l'âme. Seul un livre a été sauvé du désastre "la lettre écarlate" de Nathaniel Hawthorne. Elle y voit un signe, et rien ne la retenant à Paris, elle s'envole pour la Nouvelle-Angleterre, sur les traces de l'écrivain, sans savoir ce qu'elle en attend vraiment.

Dans cette errance apparemment dépourvue de sens, Pauline va rencontrer deux personnages déterminants. La vieille Georgia, aux déguisements hideux, et Blake, un homme un peu mystérieux croisé dans une librairie inhospitalière.

Il y a quelques longueurs dans ce roman et l'attitude de Pauline est souvent déconcertante, mais j'ai aimé sa recherche des lieux où a vécu Hawthorne, ce qui nous mène également à Thoreau et au lac qui a inspiré "Walden ou la vie dans les bois", ainsi qu'à Emerson et au mouvement transcendantaliste. L'évocation de la vie à cette époque-là en Nouvelle-Angleterre est particulièrement intéressante.

Plusieurs lectrices ont déploré les dialogues en anglais, répétés à l'identique en français, en ce qui me concerne, n'étant pas bilingue, je les ai appréciés, même si le procédé est à la longue un peu lourd. Finalement, j'ai été plus convaincue par l'histoire d'Hawthorne et de ses amis que par la quête  personnelle de Pauline. Et bien sûr, j'ai envie maintenant de relire "la lettre écarlate".

Cathulu a aimé le voyage, Karine et Valérie sont restées à quai.

Merci aux Editions Albin Michel

Patricia Reznikov - La transcendante - 276 pages
Editions Albin-Michel - 2013