La nostalgie heureuse
"Ressentir le vide est à prendre au pied de la lettre, il n'y a pas à interpréter : il s'agit, à l'aide de ses cinq sens, de faire l'expérience de la vacuité. C'est extraordinaire. En Europe, cela donnerait la veuve, la ténébreuse, l'inconsolée ; au Japon, je suis simplement la non-fiancée, la non-lumineuse, celle qui n'a pas besoin d'être consolée. Il n'y a pas d'accomplissement supérieur à celui-ci".
Je n'ai lu aucun des romans d'Amélie Nothomb, par contre je ne manque pas ses récits sur le Japon qui me laissent à chaque fois ravie. Ses expériences ne sont pas ordinaires, sa manière de les raconter non plus.
Comme bon nombre d'entre vous, j'ai d'abord regardé le documentaire de France-5 "Empreintes" où elle était filmée par une équipe pour son premier voyage au Japon depuis 16 ans. J'avais surtout été touchée par ses retrouvailles avec sa nourrice, Nishio-San dans un Kobé méconnaissable suite au séisme de 1995. Pourquoi un livre en plus penserez-vous ? Son principal intérêt est de dévoiler les coulisses du reportage, où l'on se rend compte que l'état intérieur d'Amélie est souvent bien éloigné de ce qu'elle montre à la caméra.
Elle entre davantage dans les détails sur certaines étapes du voyage, notamment Fukushima. Et il y a l'incontournable Rinri (ni d'Eve, ni d'Adam), dont elle appréhende la réaction, après tout elle l'a lâchement abandonné jadis.
La définition japonaise de la nostalgie heureuse trouve son explication dans le récit et elle me convient bien. Un récit qui se lit très agréablement en une soirée.
"Dans le véhicule qui nous reconduit à Kobé, je me garde de parler. Flaubert le dit justement : "la bêtise c'est de conclure". Il n'y a pas de mot fin à ce que j'ai vécu".
L'avis de Brize Cuné Cynthia Mango Sandrine Tasha
Amélie Nothomb - La nostalgie heureuse - 152 pages
Albin Michel - 2013