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Le goût des livres
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10 juin 2013

Avancer

Avancer"Le Petit - ouvrons la parenthèse - ainsi nommé parce que ces gosses-là si tu ne leur donnes pas de limites, bonjour, le Petit n'est, grâce au Ciel, pas chez lui dans cet immeuble. Il passe le plus clair de son temps chez sa mère, c'est comme ça, c'est la loi. Le Petit, dix ans ou sans âge tout dépend du point de vue, jouit d'une belle avance sur les enfants de sa taille , sur les autres aussi, il parle comme un livre et s'habille comme un lord, été comme hiver, un noeud papillon. En résumé, pour le Petit, trois choses à retenir : rempli de connaissances inutiles, pas sortable, appartient à un autre foyer fiscal, fermons la parenthèse".

Je préviens tout de suite, j'ai adoré ce premier roman, dont le ton m'a hautement réjouie. Essayer de le résumer n'a peut-être pas beaucoup d'intérêt, tout est dans le regard décalé adopté par l'auteure.

La narratrice, Victoria, alias Marie-Laure ou l'inverse, est une incurable tire-au-flanc, dont l'objectif principal est la recherche d'une voie professionnelle qu'elle s'échine à ne surtout pas trouver. Elle vit aux crochets de Marc-Ange, son ex-professeur de sociologie, insupportable intello pontifiant et supérieur ; par ailleurs, père irresponsable et négligent du fameux Petit et de sa soeur jumelle, nettement moins favorisée côté intellect.

Vous y ajoutez des travaux devant leur immeuble, des ouvriers, des baraques de chantier, deux SDF que Victoria va parasiter avec une belle constance, l'ex-femme de Marc-Ange, une fumeuse étude de sociologie qui tombe sur le nez de Victoria, très encombrée par ce qui ressemble vaguement à un premier travail, vous mélangez tout et vous avez ce petit ovni littéraire revigorant.

On peut en faire deux lectures. Au premier degré, c'est très drôle, formidablement bien tourné, avec des trouvailles savoureuses, des situations improbables, des retournements inattendus. Au deuxième degré, tous les maux actuels de la société sont là et c'est dramatique. Le chômage, les études sans issue, le refus de s'inclure dans cette société là et de grandir, les familles recomposées, les enfants livrés à eux-mêmes, plus matures que les adultes censés s'occuper d'eux .. Le tour de force est de nous faire saisir en filigrane toute l'horreur de la situation en nous faisant rire sans respecter le politiquement correct tant à la mode.

Avant d'être à nouveau submergées par la prochaine rentrée littéraire, donnez une chance à celui-ci que l'on n'a pas assez vu sur les blogs. A lire un jour de blues, après vous serez plus indulgentes avec vos propres misères.

"Victoria n'est pas très à l'aise. Hormis dans les aéroports, elle n'a jamais tellement vécu à 10 heures du matin. Victoria s'animerait plutôt sur le coup de midi, midi et demi, et ce pour des raisons fondées, sans rapport avec la simple paresse. C'est toujours le matin que l'on s'indigne, par exemple, à cause des journaux de la première heure avec photos de la misère. Si vous êtes au lit, vous n'êtes pas au courant, et demeurez optimiste. En outre, les emmerdeurs téléphonent le matin, en priorité ceux qui comptent sur vous dans la journée, et il est plus poli d'être injoignable que de formuler un refus. A midi, c'est nettement plus vivable. Les choses sont déjà bien organisées, chacun est à sa place et n'en bougera pas avant le 20 heures, la société debout vous ignore, voire vous méprise. A ce moment précis, le monde vous appartient. Plus qu'un état, c'est un état d'esprit, une forme de morale, assez difficile à exprimer du reste et mieux vaut en rester là".

Merci Ptit Lapin

L'avis de Cathulu Keisha

Maria Pourchet - Avancer - 222 pages
Gallimard - 2012

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Commentaires
C
Je note la référence !
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T
et ben ça tombe bien, il est sur mon étagère !
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A
J'essayerais bien... Merci pour l'idée en tout cas !
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M
Pas convaincue que ce soit pour moi.
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U
Je le veux !!!!
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