La nuit tombée
"Et pourtant, on aura beau faire, on sait bien qu'on ne sera jamais tranquilles avec ça. Ni nous, ni nos enfants, ni les enfants de nos enfants. Ni même le plus petit brin d'herbe qui n'a plus nulle part où se cacher".
Un homme sur une moto, avec une remorque bringuebalante.. Il est écrivain public à Kiev. Gouri revient dans la ville où il a vécu, Pripyat, maintenant dans "la zone". Il sait qu'il n'en a pas l'autorisation, mais il a une mission à remplir. En chemin, il s'arrête chez Vera et Iakov, des amis d'autrefois. Iakov est très malade. Autour d'un repas, ils vont échanger les bons souvenirs, quand la vie était douce, et puis les jours de la catastrophe, et ceux de leur entourage qui meurent les uns après les autres, mois après mois.
Voilà un roman que je classerai dans un des meilleurs de la rentrée 2012, à côté du "repas en hiver" d'Hubert Mingarelli. Un style minimaliste, plus poétique ici, mais qui dit en peu de pages les ravages profonds causés aux êtres humains balayés par les grandes catastrophes. Il ne semble même pas y avoir de révolte chez ces habitants qui ont été sacrifiés, mais une immense désolation. Une fraternité dans l'épreuve aussi.
Gouri va aller jusqu'à Pripyat de nuit, aidé par un ami de Iakov et il en ramènera le souvenir qu'il a promis à sa fille. Au retour, il n'oubliera pas de s'arrêter à nouveau et d'aider Iakov à faire une lettre d'amour à Véra. Il y a un bel équilibre entre la description de la zone et les liens subtils entre les personnes qui traversent cette nuit particulière.
Un texte poignant, lu d'une seule traite. Il a reçu le prix roman France-Télévisions 2012.
L'avis de Cristie Hélène Kathel Leiloona Maryline Noukette Philisine Cave Valérie
Antoine Choplin - La nuit tombée - 128 pages
La Fosse aux Ours - 2012