Avant le gel
"Linda ne savait jamais à l'avance quand se déclencheraient les crises de rage subites et excessives de son père. Elle se rappelait la peur qui avait accompagné toute son enfance, et qu'ele partageait avec sa mère. Son grand-père, lui, se contentait de hausser les épaules ou de crier encore plus fort".
Changement de cap dans cette neuvième enquête. Ce n'est plus le point de vue de Kurt Wallander qui nous est donné, mais celui de sa fille Linda, tout juste sortie de l'école de police et contrainte d'attendre son affectation encore quelques jours. C'est assez surprenant de le percevoir pour la première fois de l'extérieur, par les yeux d'un tiers et pas n'importe lequel.
Après une légère frustration due à l'absence de continuité avec le roman précédent (par exemple, Martinsson intriguait pour prendre la place de Wallander, le sujet n'est pas repris du tout ici), je me suis habituée rapidement à Linda, qui, il faut bien le dire, ressemble énormément à son père. Même caractère cabochard, emporté, colérique, suivant ses propres pistes au mépris de toute prudence et faisant fi du travail d'équipe.
Venons-en à l'intrigue. Anna, une amie de Linda, disparaît subitement de manière étrange. Simultanément, des animaux brûlent et une femme est sauvagement assassinée dans la forêt. Comme d'habitude, des faits paraissant éloignés les uns des autres vont se recouper, mettant à jour les agissements d'une secte visant à restaurer la chrétienté dans toute sa pureté originelle.
J'ai été tenue en haleine par cette histoire pleine de rebondissements, même s'ils ne sont pas toujours crédibles. Linda sait qu'elle n'est pas encore flic à part entière, mais qu'Anna soit mêlée à l'affaire lui permet de la suivre de près et de voir son père travailler. Elle oscille entre admiration et exaspération, sans toujours parvenir à trouver sa place. Quelle idée aussi de postuler dans le même commissariat que son père !
Un nouvel enquêteur fait son apparition, Stefan Lindman, que j'ai retrouvé avec plaisir, puisqu'il était déjà présent dans "le retour du professeur de danse". Plus qu'un seul volume devant moi pour clore la série, il me manque déjà Kurt, si l'auteur ne le fait pas mourir, il peut peut-être le faire revenir un jour ?
Henning Mankell - Avant le gel - 441 pages
Seuil - 2005