Festival America (2)
Dimanche matin, la fatigue de samedi se faisant sentir, j'ai décidé de n'assister qu'à un seul débat en fin de matinée "Voix indiennes" avec Louise Erdrich, Naomi Fontaine, Thomas King et Luis Sepulveda. J'ai retrouvé un thème qui m'est cher et m'a plus captivée que ceux de la veille.
Louise Erdrich est d'origine allemande par son père et indienne Ojibwé par sa mère. Naomi Fontaine Innue Montagnaise de Uashat (Côte Nord du Québec). Thomas King est Canadien d'origine cherokee. On ne présente plus Luis Sepulveda, Chilien exilé qui a été emprisonné sous le régime de Pinochet.
Ils ont tous évoqué leur jeunesse et la perception qu'ils avaient eue de leur différence. Si je connais assez bien Louise Erdrich, j'ai découvert avec plaisir Naomi Fontaine, jeune auteur vive et spontanée, qui ne s'est pas laissée intimider par ses grands aînés. D'ailleurs, son livre (Kuessipan) a été dévalisé à la librairie du Québec, il n'y en avait plus un seul exemplaire. Elle a parlé entre autres des pensionnats où l'on acculturait les générations qui l'ont précédée. Je n'ai pas pris de notes, mais j'ai retenu qu'aujourd'hui la situation s'améliorait et qu'à nouveau les Indiens sont fiers de ce qu'ils sont et tentent de retrouver leurs traditions. Je crois que c'est Louise Erdrich qui a évoqué l'image bien connue de l'indien ivrogne et chômeur, alors que maintenant les communautés indiennes ont plutôt un niveau élevé d'éducation. Luis Sepulveda est revenu longuement sur l'histoire du Chili pré et post colonisation.
La surprise de ce débat fut pour la fin, l'arrivée d'un groupe de cinq chanteurs dont je n'ai malheureusement pas retenu le nom, venus rendre hommage aux écrivains présents. Chants et tambour traditionnels. C'est une chose de les entendre dans un film et une tout autre chose de les avoir devant soi, de sentir leur recueillement, les vibrations et l'atmosphère de la salle qui a subtilement changé.
Et LE clou attendu par Brize, un danseur cherokee (Will Hedgepeth) est venu les rejoindre, beau comme un Dieu, majestueux, impressionnant de présence. Tout était symbole dans sa danse, hélas peu compréhensible pour nous, symbole aussi chaque détail du costume. Un grand moment d'émotion. Après, il était possible de se faire photographier avec lui (non, je ne l'ai pas fait).
Ensuite, tout paraissait fade, je suis allée grignoter avec Brize et MimiPinson pour me remettre. Un dernier tour dans le salon du livre, où j'ai encore réussi à craquer. La foule se faisait dense, la chaleur étouffante, je suis partie non sans avoir brièvement rencontré Hélène, Juliette et Maryline, agglutinées devant Caryl Ferey tout sourire.
Karin Suarez (La Havane année zéro) et Naomi Fontaine
Bernardo Carvalho (Ta mère) Ron Hansen (Une irrépressible et coupable passion) Felipe Becerra Calderon (Chiens féraux)
Patrick deWitt (Les frères Sisters) Kent Meyers (Twisted Tree)
Julie Otsuka (Certaines n'avaient jamais vu la mer) Nicole Krauss (La grande maison)
Caryl Ferey (Mapuche)
En conclusion, un festival peut-être moins dense qu'il y a trois ans pour moi, mais je suis partante pour le suivant.
Si vous êtres intéressé(e)s, plusieurs débats sont en ligne sur le site du festival America.