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11 mai 2012

L'affinité des traces

L'affinité des traces"Claquemurée entre les caisses de munitions, les palettes de corned-beef et les inévitables sacs postaux, elle sent, à travers les vapeurs de kérosène, la qualité de l'air changer. Comme si, à plusieurs centaines de mètres d'altitude, la terre desséchée lui lançait un appel. Tu marcheras ici, oui, c'est ici, sur ce sol étranger, que tes pas laisseront leurs traces. Car les traces, comme les hommes, ont leurs dispositions secrètes, tu verras, sur le sable même, sur le sable surtout, une trace peut en rejoindre une autre. C'est l'impérissable, l'inaltérable magie propre aux traces, leur mystérieuse alchimie, c'est l'ineffable affinité des traces".

Edith, jeune fille juive, a perdu sa famille dans les camps de la deuxième guerre mondiale. Elevée par des familles d'adoption, elle refuse le mariage et l'avenir tout tracé qu'un rabbin de Nancy lui propose. Elle part pour Paris, décidée à prendre sa vie en main.

Elle s'engage comme secrétaire dans l'armée et se retrouve sur une base au Sahara, à la fin de la guerre d'Algérie, au moment où la France effectue des essais nucléaires.

Le roman s'ouvre sur une scène de violence. Un groupe djihadiste a attaqué un camp touareg et fait prisonnier Taylat et son fils Ibram. Nous passons ensuite à l'histoire d'Edith et il faudra attendre un bon moment avant de faire un lien entre cette ouverture et la suite du récit.

Au début, j'ai été déroutée par l'histoire, le quotidien d'Edith au camp militaire, l'amitié qu'elle noue avec Sevan, l'infirmière, ses rapports avec la hiérarchie militaire, je ne voyais pas très bien où tout cela menait. Et puis, elle fait la connaissance de Mariama, femme touareg dont le mari, Nabil est soigné par les Français. Ses deux fils, Ayuba et Baheyyi,  travaillent également au camp. Entre cette femme sans fille, et cette fille sans mère, un lien fort va se tisser prudemment.

Pendant ce temps, un essai nucléaire se prépare, il tournera au désastre, entraînant des pertes humaines. Par ailleurs, Edith, de plus en plus fascinée par la culture touareg à travers Mariama, et par le désert qui l'entoure, va prendre envers et contre tous une voie décisive pour le reste de ses jours.

Je n'ai pas envie d'en révéler davantage, c'est un roman avec un rythme particulier, aux envolées souvent poétiques, qui fait pénétrer dans l'univers des touaregs et leur histoire chaotique, jusqu'à nos jours. Je me suis retrouvée captivée moi-même par ce peuple nomade et ses traditions et de plus en plus intéressée par l'histoire d'Edith.

"La lune aussi est de la partie, dont le prodigieux halo teinte le sable d'un éclat oranger. Sur ce fond d'océan desséché, reliefs ocre et tango, ils sont ainsi trois à marcher. Le silence n'est rythmé que par l'empreinte régulière, dans la terre friable, des soles spongieuses de leurs dociles méharis".

Un roman qui s'appuie sur des faits réels (l'essai nucléaire raté) et les épreuves du peuple touareg, en faisant la part belle à une histoire romanesque à souhait.

Un autre avis ? oui, chez Val

Un article dans "la cause littéraire"

Gérald Tenenbaum - L'affinité des traces - 231 pages
Editions Héloïse d'Ormesson - 2012

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Commentaires
A
@ Emeline : heureusement qu'il est remarqué par des jury, espérons qu'il a sa chance. Il est beaucoup trop discret en effet. Il y a eu un bel article dans Telerama il n'y a pas si longtemps.
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E
Il est sur la liste du prix Jean Giono... Peut-être enfin l'occasion de donner un peu de visibilité à cet auteur qualifié de trop discret même par son éditrice ?
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A
@ Samantha : j'en suis ravie. C'est un beau roman, qui n'a pas eu assez d'écho.
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S
Super roman, je viens de le lire, j'étais en vacances, quel régal !
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A
@ Merci Gérald, de votre passage et de l'information. Je l'ai ajoutée à mon billet.
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