Les derniers jours de Stefan Zweig
Je ne suis pas une grande lectrice de BD, vous avez dû vous en apercevoir. Ce qui ne m'a pas empêchée de craquer immédiatement pour celle-ci, à cause du graphisme fin et élégant, et des couleurs profondes et magnifiques.
Je l'ai pas lu le roman de Laurent Sekcik dont est tirée la BD, je connaissais à peu près l'histoire du périple des dernières années de Stefan Zweig. L'histoire commence sur le bateau qui l'emmène au Brésil, avec sa deuxième femme, Lotte. Après un passage à Londres et aux Etats-Unis, où ils étaient considérés comme "étrangers indésirables", le Brésil est prêt à les accueillir, précisément la ville de Pétropolis.
Stefan Zweig peine à écrire, les mois d'errance et l'exil lui pèsent, il pense constamment à l'Autriche qu'il a dû quitter et à ce qui s'y passe pour les Juifs. Son monde est détruit, il désespère de pouvoir se refaire une nouvelle vie. Il a perdu trop d'amis.
Amoureuse et admiratrice inconditionnelle de Stefan, Lotte s'efforce de l'aider à s'adapter, mais la "bile noire" est là pour Stefan, la guerre omniprésente dans les esprits, Zweig est persuadé que les Allemands vont gagner. La chute de Singapour en 1942 achève de le démoraliser et l'issue se profile avec la solution que tout le monde connaît. Un double suicide.
Pourquoi à un moment donné, une forme touche-t'elle plus qu'une autre ? Je n'ai pas d'explication, en tout cas cet album m'a paru plus émouvant qu'un roman pour faire saisir le désespoir d'un homme vieillissant, dont l'univers a été pulvérisé, ne voyant plus que noirceur devant lui. Lotte essaie de lutter pour deux, elle est plus jeune et a plus confiance en l'avenir, mais elle ne fera pas le poids et décidera de partir avec lui.
Les dessins sont splendides, sur le paquebot d'abord et dans les somptueux paysages du Brésil ensuite, avec sa végétation luxuriante. Une belle réussite.
Laurent Seksik & Guillaume Sorel - Les derniers jours de Stefan Zweig
Casterman - Février 2012