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Le goût des livres
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9 décembre 2011

Famille modèle

Famille modèle"Pour une fois, reprit Warren, j'aimerais juste avoir un dîner normal. Une fois dans l'histoire de cette famille. Est-ce que c'est vraiment trop demander, de pouvoir une fois dans sa vie s'asseoir et parler de sa journée ? Tout le monde avait les yeux fixés sur lui. Peut-être avait-il crié sans s'en rendre compte. Il baissa la voix : je veux dire, il pourrait nous arriver quelque chose."

Warren a entraîné sa famille en Californie, alors qu'ils menaient une vie très agréable dans le Wisconsin, attiré par une affaire mirobolante qui devait lui faire franchir un pas dans la richesse, donc dans le rang social. Au début du roman, son projet de lotissement dans le désert s'écroule, Warren sait qu'il est ruiné, mais ne se résout pas à le révéler à sa femme Camille, et à ses trois enfants.

C'est l'histoire de la désintégration d'une famille, avec un portrait au vitriol d'une certaine Amérique, cupide et repliée sur elle-même dans ses résidences sécurisées, le tout teinté d'un humour corrosif de plus en plus désespéré.

La première partie du roman, très jubilatoire décrit les membres de la famille, entre dans la tête et la psychologie de chacun. J'ai rarement ressenti avec une telle acuité à quel point on peut vivre sous le même toit et ne rien savoir de son plus proche entourage. Mine de rien, aucun d'eux ne s'adapte à la Californie, malgré l'avenir radieux promis par le père.

Camille sa femme, toujours vêtue de pastel, très soucieuse d'équilibre alimentaire et d'équilibre tout court, s'ennuie dans un boulot idiot et regrette leur maison du Wisconsin, au bord du lac et les amis qu'elle a dû laisser là-bas.

L'aîné, le beau Dustin, se prépare à aller à la fac, tout en passant son temps avec son groupe de rock qui deviendra bien sûr ultra-célèbre. Quant à Lyle, brillante étudiante, mais adolescente mal dans sa peau, elle se cherche et s'égare un peu, perdue dans une solitude insupportable. Le petit dernier, Jonas, habillé en orange de la tête aux pieds, vit sur une autre planète et cultive de bizarres manies, dans une relative indifférence.

On se demande comment va arriver la déflagration, puisqu'il faudra bien que le père avoue qu'il a dilapidé tout leur argent plus celui des études des enfants et de la retraite du couple. Elle arrive cette déflagration, pas tout-à-fait comme on l'attendait, mais elle arrive et on a le coeur très serré, parce que l'auteur a su depuis longtemps nous faire aimer tous ses personnages.

La deuxième partie dissèque la lente décomposition de la petite tribu et la façon dont chacun des membres devra revoir sa manière d'être, de penser et de vivre, ensemble ou pas. Les interactions sont étroites et leurs conséquences peuvent être sévères.

Roman très addictif, dès les premières pages je ne pouvais plus le lâcher. Je ne saurais pas dire exactement pourquoi, une alchimie qui a bien pris, j'avais de plus en plus hâte de retrouver la famille Zeller et son avalanche de problèmes.

"Comment sa mère l'avait convaincu d'emmener ce gosse avec lui jusqu'à Rat Beach, mystère. Sûrement à cause de la pénurie de voitures. Il adorait Jonas : c'était un gamin bizarre, désopilant, tout en orange pour le deuxième jour d'affilée, mais Dustin n'avait pas envie pour autant d'arriver accompagné d'un Oompa-Loompa".

Auteur talentueux, livre brillant, à vous de voir ...

Merci ClaudiaLucia

L'avis de Antigone Cathulu Clara Cuné Gwenaëlle Keisha Leiloona Yv

Eric Puchner - Famille modèle - 523 pages
Albin Michel - Août 2011

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Commentaires
A
@ Liliba : c'est possible, ou alors tu sortais d'un livre très palpitant ;-)
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L
J'étais peut-être fatiguée...
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A
@ Liliba : c'est drôle les différences de perception, le début ne m'a absolument pas paru long.
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L
J'ai beaucoup aimé, mais le début est vraiment long, long, long... par contre, cette famille, brrr...
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A
@ Brize : si tu es plongée dans Kundera, çà te fait faire un grand écart, mais garde le dans ta tête et poursuis au delà de la 100e page, l'histoire s'étoffe et s'approfondit surtout dans la deuxième partie.
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