C'était pas ma faute
"Jusqu'au début de la trentaine, c'est facile d'être normal. On peut reléguer tous ses problèmes dans la catégorie des outrances post-adolescentes et se rassurer à chaque crise en se disant que tout finira un jour par changer. S'améliorer. Puis vient l'âge où le désarroi juvénile ne colle plus avec la personne. Avant trente ans, quelqu'un qui boit beaucoup est un fêtard ; au delà de trente ans, c'est un alcoolique - de quelqu'un qui plane gentiment à celui qui finit ravagé, il n'y a qu'un pas. Passé trente ans, on sait si l'être qu'on est devenu sera bon à quelque chose pour les cinquante années restantes".
Un roman à trois voix. Jasper, trader dans une grande banque d'investissements à Chicago. Une sorte de Jérôme Kerviel qui se lance dans des opérations compliquées qui vont pimenter sa vie de manière inattendue.
Henri LaMarck, romancier à succès qui ne peut plus écrire une ligne depuis qu'il s'est vanté publiquement de préparer le livre du siècle sur le 11 Septembre. Tout çà pour frimer devant Elton John ..
Et Meike, la traductrice allemande du sus-nommé, se retrouvant soudainement sans travail puisque le fameux roman d'Henri n'arrive pas, alors qu'elle a un besoin d'argent immédiat. Elle a cru bon de déménager dans une espèce de hangar à la campagne, dans les environs de Hambourg et de démarrer une nouvelle vie, sans trop de conviction, il faut bien le dire.
Pour couronner le tout, Henri disparaît le jour où son éditrice organise une réception pour son anniversaire. Meike va donc se lancer à sa recherche, se mettant en tête d'être la seule à pouvoir le retrouver et revenir triomphalement avec son manuscrit.
Meike, Jasper et Henri vont se rencontrer, se croiser, se perdre, s'éviter, se retrouver, s'aimer en une suite de péripéties de plus en plus savoureuses. Les fils peuvent paraître quelquefois embrouillés, on se demande comment l'auteur va s'en sortir, mais tout se met en place pirouette après pirouette. C'est amusant, c'est léger, mine de rien on en apprend de belles sur le monde des traders et sur celui de la traduction. On a des sueurs froides avec Jasper (mais c'est bien fait pour lui) on a envie de secouer Meike et de tendre un kleenex à Henri quand sa potentielle histoire d'amour prend l'eau.
Je ne suis pas claire ? C'est juste pour vous donner envie de lire vous-même cette histoire fort divertissante.
"Personne ne connaît l'oeuvre d'un auteur aussi bien que sa traductrice. Admettons qu'un roman soit une salle de séjour : les correcteurs, lecteurs ou critiques se contentent d'un regard à travers la pièce. S'ils sont consciencieux, ils l'observent attentivement, mais seule la traductrice est allée voir sous le canapé, c'est elle qui a enlevé les fleurs du vase, démonté et remonté le téléviseur. Personne au monde n'a passé autant de temps que moi avec l'oeuvre de Henri LaMarck".
L'avis de Cuné - Keisha (merci, merci)
Kristof Magnusson - C'était pas ma faute - 268 pages
Métailié - Septembre 2011