Chienne de vie
Bente descend d'un bus avec une valise. Elle arrive dans un endroit isolé du Danemark, venant de plaquer mari et appartement. Assise là, elle voit passer Johnny en vélo, sans trop de réaction.
"L'homme revient, avec une femme cette fois, tous les deux à pied. Comme lui, elle porte un bleu de travail. Ils se tiennent par la main et ne se lâchent qu'une fois arrivés devant moi".
C'est Cocotte et Johnny. Ils proposent gentiment à Bente de venir chez eux se réchauffer, d'autant qu'une tempête est annoncée. Ils ne peuvent pas la laisser là.
Voilà, c'est à peu près tout pour l'histoire et je lui ai trouvé un charme indéfinissable. Bente a une attitude un peu décalée, en fait elle est dépressive depuis des années. Elle va s'installer chez le couple et mener une vie simple, faite des gestes du quotidien, de petits riens, et de beaucoup de chaleur humaine.
Elle passe du temps blottie sous la couette, Cocotte ou Johnny font le café, préparent les repas, sortent les chiens .. Les réflexions de Bente sur sa vie passée sont d'une grande tristesse, mais elles semblent se diluer dans cette atmosphère douillette et bienveillante.
Bente fait la connaissance de l'entourage des jeunes gens, le frère de Cocotte, Ibber, la voisine Elly, elle se remémore sa vie avec Bjornvig, rend de menus services, fait les courses. Quand Johnny aura un accident avec son vélo, elle assurera la marche de la maison seule pendant quelques jours.
C'est un livre calme et apaisant où je me suis coulée tranquillement, le rythme est lent, mais pas ennuyeux, je dirais même berçant. Rien n'est précisé de ce que va devenir Bente, pourtant on sent bien que cette immersion dans un milieu réconfortant la retape et lui redonnera goût à la vie. L'écriture est aussi simple que la vie menée, sans mièvrerie, les douleurs de chacun sont là mais n'ont pas fait disparaître la générosité des coeurs.
"Dimanche matin, il pleut. Je me réveille au cliquetis des gouttes et reste allongée dans le canapé sans bouger un orteil. J'ai dormi longtemps et profondément. Je ne sais pas si je suis d'humeur triste ou gaie. On dirait que quelque chose en moi a retrouvé sa place pendant mon sommeil. Grâce à un rêve, mais je ne me rappelle pas ce que c'était. Seulement qu'il y avait un lion et un cheval."
Un roman à lire dans un canapé, devant la cheminée, enfoui(e) sous une couette, juste pour l'ambiance.
Merci à Cathulu et à Antigone.
L'avis de Clara George Keisha Lystig Sylire
Helle Helle - Chienne de vie - 230 pages
Le Serpent à Plumes - 2011