Où je suis
"Agnès est une chasseresse. Séductrice avisée, elle appâte, piège, capture, vampirise, puis se prépare au sacrifice : "c'est aujourd'hui qu'on tue le cochon". Elle n'a qu'une seule idée, faire payer aux hommes l'obscur drame qui a refroidi son âme quinze ans auparavant.
Seulement voilà, c'est elle qui succombe. Juste. Ce prénom résonne en elle comme une promesse. Et Agnès se met à croire qu'elle peut renaître à la vie." (4e de couverture)
J'ai refermé ce livre sans savoir ce que j'en pensais .. Je l'ai perçu comme une inéluctable descente aux enfers. "Peut-on encore supprimer quelque chose de mort ?" Cette phrase vient régulièrement ponctuer l'histoire. Agnès a eu le malheur de croiser cinq types avinés un soir de ses quatorze ans et je vous laisse imaginer ce qui est advenu de la rencontre.
Hantée par cette soirée dont elle n'a jamais parlé à personne, Agnès prend et jette les hommes comme des kleenex, jusqu'à Juste, à la peau noire et douce. C'est l'amour fou, l'amour-fusion, le besoin impérieux de ne vivre que pour et par lui. Juste se conforme facilement au style de vie d'Agnès jusqu'à ce qu'un nouveau boulot dans une radio lui fasse rencontrer Abel. Les soirées, les nuits blanches, les boîtes, la vie facile, Agnès ne peut pas le suivre sur cette voie-là. Et puis, au fond, elle ne sait rien de Juste à part l'accord des peaux.
Sans que rien ne soit vraiment précisé, Agnès est décrite comme une fille quasiment désocialisée, aux réactions imprévisibles, sans doute anorexique, fuyant à peu près tout le monde, acceptant plus ou moins bien les visites intempestives de son demi-frère Antoine, qui voudrait la sortir de là. Elle peut devenir assez rapidement violente, sauf avec Juste de qui elle supporte tout. Les épisodes calamiteux se succèdent, Agnès s'enfonce, voyant l'amour là où il n'y a que de la possession.
Le style est efficace, la tension très bien rendue, mais j'avoue ne rien comprendre à ce type de femmes qui retournent inlassablement vers ce qui va les détruire, avec un entêtement aveugle. Elle ne voit jamais les mains tendues et n'en veut surtout pas, enfermée dans le malheur. Elle regarde tous les hommes d'un oeil impitoyable, mais rien ne clignote quand elle ouvre sa porte à Juste, un quasi-inconnu plutôt moins recommandable que la moyenne.
Vous vous doutez bien que l'issue ne sera pas rose bonbon, c'est logique, mais trop de noirceur finit par étouffer autant la lectrice que le personnage.
En bref, une histoire pas faite pour moi, malgré un côté implacable et captivant.
Une revue de presse plus positive, détaillant tout ce que je n'ai pas compris ici
Valérie Tong Cuong - Où je suis - 156 pages
J'ai Lu - 2006