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Le goût des livres
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7 juillet 2010

Bord de mer

WWQue dire sur un tel roman, sachant qu'il ne faut pas en dévoiler l'issue, alors qu'elle est perceptible pratiquement dès le début ?

La narratrice arrive de nuit dans une ville, au bord de la mer, que l'on devine grise, triste et sous la pluie. Elle est arrivée là sous le prétexte de montrer la mer à ses deux enfants et ils se retrouvent tous les trois dans un hôtel miteux, à partager un seul lit.

"Quand ils se sont endormis tous les deux, pour moi çà a été difficile. Cà s'est mis à parler tout seul dans ma tête, j'aime pas çà, c'est une sale bestiole la pensée, des fois j'aimerais mieux être un chien. Les chiens c'est sûr se demandent jamais où est leur place ni qui ils doivent suivre, ils lèvent leur truffe et tout est enregistré, calé pour toujours. Ils s'y tiennent. Les hommes manquent d'odorat, voilà le danger."

Les enfants sont fatigués, inquiets, surtout l'aîné, Stan qui comprend que quelque chose ne va pas et que ce n'est pas normal d'être parti un jour d'école, sans rien dire à personne. On pressent que le petit garçon a l'habitude d'anticiper les mouvements d'humeur de sa mère et d'essayer d'y pallier.

Le roman est le récit de la longue dérive mentale de la jeune femme, mère inadaptée, isolée, entourée seulement des professionnels du dispensaire qui l'énervent. Assez vite, on saisit qu'elle un autre dessein que celui de faire voir la mer aux enfants.

Elle essaie malgré tout de leur offrir de bons moments, en se rendant compte que tout dérape toujours. Elle voit bien qu'ils ne se réjouissent même pas d'être enfin devant la mer. Ils trouvent un peu de plaisir à la fête foraine, mais il sera de courte durée. L'angoisse plane en permanence avec cette mère imprévisible, qui en plus, a oublié "sa chimie".

En choisissant de nous mettre dans la tête de la narratrice, l'auteur a frappé fort. Le plus fort est qu'il est impossible de porter un jugement tellement elle nous a mis dans son ressenti et son malaise. J'ai été bousculée en permanence et j'ai terminé tétanisée, abasourdie, effondrée, en pensant quelle est cette société qui laisse des êtres dans une telle déshérence.

J'ai acheté ce roman au cours d'une rencontre avec Véronique Olmi, qui parlait essentiellement de son dernier livre. Elle a écrit sur la dédicace que ce n'était pas le plus lumineux .. j'espère seulement que les autres ne sont pas plus sombres, parce que le style et l'écriture m'ont emballée, mais je ne sais pas si j'en supporterai davantage !

V_ronique_Olmi

L'avis de Anne In Cold Blog

Véronique Olmi - Bord de mer - 122 pages
Babel - 2003

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Commentaires
A
@ Del : intense, c'est le mot. On ne l'oublie pas de sitôt.
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D
Une lecture intense, j'ai beaucoup aimé.
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A
@ Margotte : j'ai été suffisamment séduite par cette première lecture pour avoir envie de continuer. Je note le titre que tu me donnes.
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M
Je garde un souvenir vraiment intense de cette lecture pourtant déjà assez ancienne. Dans un registre très différent, j'ai également aimé, de la même auteure, "Un si bel avenir".
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A
@ Nanne : il vaut mieux passer ton chemin en ce moment en effet .. mais à garder en mémoire le jour où tu pourras.
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