NOTRE BESOIN DE CONSOLATION EST IMPOSSIBLE A RASSASIER
Stimulée par l'objectif PAL d'Antigone et par l'excellent billet de Leiloona, j'ai décidé d'aller chercher dans une pile ce tout petit livre acheté il y a 2-3 ans sur un coup de coeur pour le titre et les conseils d'Hubert Nyssen (non je ne le connais pas personnellement, je me contente de lire ses carnets).
Je crois que ce texte me faisait un peu peur, sachant que l'auteur s'est suicidé peu après l'avoir écrit. Maintenant que je l'ai lu, je n'ai guère envie d'en parler, je ne saurais pas le faire et ce serait malvenu après un écrit d'une aussi grande qualité. C'est une réflexion profonde sur la vie, la mort, la liberté, la société. Pas un mot de trop, l'essentiel est dit. C'est un texte à lire et à relire afin d'en pénétrer tout le sens. D'ailleurs, on ne lui donne sûrement pas le même selon notre état d'esprit, les moments de notre vie etc ...
L'écriture est remarquable et je vous livre quelques extraits :
"Personne ne peut énumérer tous les cas où la consolation est une nécessité. Personne ne sait quand tombera le crépuscule et la vie n'est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par l'obscurité et les jours par les nuits, c'est un voyage imprévisible entre des lieux qui n'existent pas. Je peux, par exemple, marcher sur le rivage et ressentir tout-à-coup le défi effroyable que l'éternité lance à mon existence dans le mouvement perpétuel de la mer et dans la fuite perpétuelle du vent. Que devient alors le temps, si ce n'est une consolation pour le fait que rien de ce qui est humain ne dure - et quelle misérable consolation, qui n'enrichit que les Suisses !"
"Puisque je suis au bord de la mer, je peux apprendre de la mer. Personne n'a le droit d'exiger de la mer qu'elle porte tous les bateaux, ou du vent qu'il gonfle perpétuellement toutes les voiles. De même, personne n'a le droit d'exiger de moi que ma vie consiste à être prisonnier de certaines fonctions. Pour moi, ce n'est pas le devoir avant tout, mais : la vie avant tout. Tout comme les autres hommes, je dois avoir droit à des moments où je puisse faire un pas de côté et sentir que je ne suis pas seulement une partie de cette masse que l'on appelle la population du globe, mais aussi une unité autonome".
Un livre qui va rejoindre l'étagère des textes à parcourir régulièrement.
Stig Dagerman - Notre besoin de consolation est impossible à rassasier - Actes Sud