LA SOLITUDE DES NOMBRES PREMIERS
Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes ; soupçonneux et solitaires, certains possèdent cependant un jumeau dont il ne sont séparés que par un nombre pair. Mattia, jeune surdoué, passionné de mathématiques, en est persuadé : il compte parmi ces nombres, et Alice, dont il fait la connaissance au lycée, ne peut être que sa jumelle. Même passé douloureux, même solitude à la fois voulue et subie, même difficulté à réduire la distance qui les isole des autres. De l'adolescence à l'âge adulte, leurs existences ne cesseront de se croiser, de s'effleurer et de s'éloigner dans l'effort d'effacer les obstacles qui les séparent. (extrait 4e couverture).
Avec ce résumé, je ne me faisais pas une idée très précise du livre que j'allais découvrir. Les deux premiers chapitres frappent fort avec le récit du traumatisme subi dans leur enfance par Alice et Mattia, dans des genres très différents. Je n'ai pu m'empêcher d'avoir mal pour eux en pressentant la souffrance qui allait suivre et ne pas les lâcher.
Le récit alterne les voix d'Alice et Mattia et nous les retrouvons régulièrement à quelques années d'intervalles, l'enfance, l'adolescence, le début de l'âge adulte .. Leur rencontre est une sorte d'évidence, ils se reconnaissent, ils partagent la même douleur, la même solitude, le même décalage avec les autres. Ce n'est pas pour autant qu'ils arrivent à se rejoindre vraiment.
J'ai été happée de plus en plus fortement par cette histoire, malgré un malaise flou ressenti en voyant à quel point l'un et l'autre retournent leur souffrance contre leur corps. Ni eux, ni leur entourage ne semblent avoir accès à la parole. Pas de psychologie dans ce roman, seulement la description au scalpel du quotidien d'Alice et Mattia et de leurs difficultés. Tant bien que mal ils se tracent une voie. Malgré le côté sombre de l'histoire, des pistes semblent ouvertes à la fin.
Je suis restée assez extérieure aux personnages, sans doute à cause du style de narration assez sec, qui semble voulu. L'impression la plus forte qui émerge de ma lecture est une certaine étrangeté qui flotte encore dans l'air autour de moi. Au final, une découverte intéressante.
Merci à Suzanne de Chez les Filles et aux Editions du Seuil.
La solitude des nombres premiers - Paolo Giordano - Seuil - 2009